Barbara Demeneix, biologiste. Son avis sur le Levothyrox NF

Barbara Demeneix, biologiste reconnue à travers le monde pour ses travaux sur l’hormone thyroïdienne, fustige le manque de responsabilité médicale liée au lévothyrox.

 

Avec son accent gallois, Barbara Demeneix est capable de vous expliquer longuement comment la thyroïde transforme le têtard en grenouille ou comment elle fait migrer l’œil d’une sole ! « C’est une hormone complexe, passionnante », sourit la professeur du Muséum d’histoire naturelle de Paris, mondialement reconnue pour ses travaux sur l’hormone thyroïdienne.

Pour la crisper, un mot suffit : Levothyrox. « J’entends des contresens scientifiques. Ça ne tient pas la route, de dire qu’il n’y a pas de problème parce que l’ancienne formule et la nouvelle sont bioéquivalentes, s’agace-t-elle dans le café où nous la rencontrons. Des précédents ont montré qu’un changement de formulation peut modifier la biodisponibilité (NDLR : le fait pour un médicament de libérer son principe actif) de l’hormone et entraîner des effets secondaires. » Ce n’est pas parce qu’elle-même est sous Levothyrox depuis qu’on lui a retiré la thyroïde en 2005 ni parce qu’elle n’a pas supporté la nouvelle formule (prise de poids, fatigue, maux de tête) que la biologiste prend la parole.

 

« Mais car ce que nous vivons manque de responsabilité médicale, notamment pour les femmes enceintes, lâche-t-elle. Certaines ont changé de formulation, sans même le savoir, pendant leur grossesse. Elles ont dû faire des ajustements plus ou moins importants. Or les taux d’hormones thyroïdiennes lors d’une grossesse influent sur l’enfant à naître, pour la structure de son cerveau et son QI. Cela n’a pas été pris en compte. Quel dédain pour les patients ! »

 

Pourtant, les autorités de santé ont pointé que les taux de TSH (l’hormone qui stimule la thyroïde) de personnes souffrant d’effets secondaires avec la nouvelle pilule étaient pour beaucoup « normaux ». « La TSH est un outil, elle ne dit absolument pas tout sur un patient et son équilibre thyroïdien », rétorque l’endocrinologue. Barbara Demeneix ne souhaite pas entrer dans une procédure judiciaire, mais elle a mis le problème sur la table de l’Association européenne pour la thyroïde (ETA) lors d’un récent congrès. « On ne demande pas grand-chose : seulement d’avoir le choix entre l’ancienne formule et la nouvelle ! »

 

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