Communiqué du docteur Sopena avant la réunion du 2 mai…

LEVOTHYROX…  Mars 2017… Avril 2018

        UNE CRISE SANITAIRE MAJEURE QUI AURAI PU ETRE EVITEE

 

Le bilan de cette substitution de masse imposée en mars 2017 par le couple MERCK/ ANSM peut se résumer à 4 chiffres :

 

– De 2005 à 2017  Nombre d’effets indésirables  sous LEVOTHYROX « AF » environ 10 « EI » /an

– Après mars 2017 et  la substitution par le LEVOTHYROX « NF »  plus de 14 630 « EI » en 6 mois

 

Plus de 600 000 patients sur un total de 3 millions le nombre deux qui ont choisi, malgré les difficultés importantes, d’abandonner cette prétendue « meilleure thérapeutique pour une autre, du moins lorsqu’ils ont réussi à l’obtenir.

 

L’objectif de « resserrement » des teneurs en L thyroxine un objectif fort et légitime pour la FDA, mais  dans un contexte bien  différent du notre :

–  C’est bien expliqué dans la

«  Déclaration commune sur la décision de la Food and Drug Administration des États-Unis concernant la bioéquivalence de la lévothyroxine sodique »  ( 12/07/2015)

La situation française en matière de traitement à la Lévothyroxine est assez différente de celle des USA : Alors qu’en France il y avait peu ou pas de substitution de marque à marque du fait de l’hégémonie du Lévothyrox , aux USA il y avait (c’est encore le cas, à un degré moindre) de TRES NOMBREUSES spécialités de Lévothyroxine disponibles sur le marché et du fait de leur système de soins ( multiplicité des assurances maladie avec chacune leurs règles et leurs fournisseurs, « substitutions multiples » au niveau des pharmaciens,…) des « switchs » fréquents d’une spécialité  à une autre (pas toutes de « qualité » identique) ce qui constituait, chez eux, de longue date un vrai problème de santé publique.

– D’où la volonté, légitime, de la FDA de « resserrer l’intervalle initial de « 90% à110% » (soit +/- 10%) de la teneur en Lévothyroxine à 95% à 105%  (soit +/- 5%) à la fois en « sortie d’usine » et à « expiration délai de préemption ». Certaines spécialités pouvant perdre plus de 5% de leur « valeur nominale initiale ». (dans certains documents la FDA pointe le fait que les « blisters » perdent plus de puissance que les boites. Pour autant l »ANSM n’a pas repris cette suggestion de modification des présentations).

Une situation française beaucoup moins à risque sur ce point :

 

– En 2012 (c’est à dire après le fiasco de la tentative d’introduction des génériques BIOGARAN et TEVA  la Commission nationale de PHARMACOVIGILANCE du 27/03/12 rend publique son  « ENQUÊTE OFFICIELLE RELATIVE AUX RISQUES LIÉS A LA SUBSTITUTION ENTRE DEUX SPÉCIALITÉS À BASE DE THYROXINE  (cf PJ)   on y lit notamment :

 

Données pharmaceutiques : Teneur en principe actif dosé à la libération du lot :

           Merck : 100-110% du dosage cible. Pour Biogaran-Teva : 95-105% du dosage cible ;

 

Il apparaît donc que lobjectif d’un intervalle de confiance de « +/-5% » est d’ores et déjà respecté par le Lévothyrox « AF »‘ tant en sortie d’usine qu’à fine de durée de péremption. Le fait qu’il soit réglé dans le « haut de la fourchette » (tel que prévu dans les RCP pour ce médicament) est un choix raisonné pour éviter les risques de « perte d’activité. Le générique « Biogaran étant lui à la fois plus « faiblement dosé » et « moins stable » ce qui peut expliquer une part des problèmes qu’il a rencontrés..

 

En tout état de cause le choix entre « 95% à 105% » ou « 100% à 110% » n’a que peu ou pas d’impact s’agissant d’un médicament en situation de quasi monopole (d’où un risque faible de substitution d’un produit par un autre).

 

 

S’agissant de l’amélioration de la stabilité dans le temps  :

C’est devenu l’argument et l’objectif majeur de l’ANSM qui ne parle plus guère du « resserrement des teneurs en sortie d’usine ».

Cet objectif louable était déjà affirmé dans le document de la Commission de Pharmacovigilance de mars  2012″ qui pour « certaines spécialités » (sans préciser lesquelles), concluait que cet objectif « est nécessaire même sil doit entraîner une réduction de la durée de conservation. » 

Ce n’était sans doute pas le cas du LEVOTHYROX « AF » puisque on lisait dans ce même rapport :

– Stabilité de la teneur en principe actif dans le temps à péremption du produit :

       Merck : 90-110% du dosage théorique.  Pour  Biogaran-Teva : 90-105% du dosage théorique.

En tout état de cause si l’ANSM considérait comme elle prétend aujourd’hui que ce problème de « stabilité dans le temps » faisait courir le moindre risque sur l’équilibre hormonal des patients :

– Comment peut-elle justifier qu’elle n’ait pas, sans même attendre le résultat de ces études, en application  du « principe de précaution » réduit drastiquement (à 6 ou 12 mois ?) le délai de péremption resté de 2 ans. Une solution simple, efficace et peu coûteuse à cette prétendue baisse d’activité

– Et qu’entre 2012 et 2017 elle n’ait mené, ou fait mener, AUCUNE étude pour quantifier cette hypothétique baisse d’activité du Lévothyrox AF alors en situation de monopole de fait.

Ce qui aurait été d’autant plus facile s’agissant d’un médicament produit massivement (100 000 Boites / jour soit 18 millions de boites pour 6 mois de stock ) d’autant qu’en réalité ceux-ci sont très  faibles (production en « flux tendus » pour optimiser les coûts) comme en témoignent les différentes « ruptures de stock » chez Merck entre 2012 et 2018).

– S’agissant de la stabilité dans le temps du Lévothyrox « NF » si cette question était, comme n’a cessé de le répéter l’ANSM,  un élément déterminant  de sa décision d’imposer une substitution  :

– Pourquoi n’a-t-elle mené aucune étude de stabilité AVANT sa mise sur le marché ?

Pourquoi a-t-il fallu attendre 6 mois pour que soit menée la première et seule étude  sur ce sujet pourtant prétendument majeur (Note 17-A-0333 – septembre 2017).

Une étude au demeurant très insuffisante car :

– Portant sur un échantillon scandaleusement faible 6 échantillons seulement (3 à « 50µgr » et 3 à « 150µgr »)  alors qu’il y a 8 dosages disponibles.

– Limitée dans le temps à 11 mois maximum pour une AMM de 2 ans (dont il semble que MERCK souhaite qu’elle soit portée à 3 ans  !!! (cf  Commission Bénéfice Risques du 03/10/17);

– Et en tout état de cause une étude « non comparative » entre  « NF »et « AF » ou avec les autres spécialités ayant l’AMM ou en cours d’obtention. Impossible donc pour le couple MERCK/ANSM de prétendre sur la base d’une telle étude « non comparative » à la supériorité supposée de la NF ».

AU TOTAL : Aucun des 2 arguments pharmacologiques (dosages sortie d’usine et stabilité dans le temps) soulevés en 2012 par l’ANSM  pour « demander » (ou exiger ?)  à MERCK de changer sa formulation n’apparaissent justifiés au regard des résultats issus de sa propre commission.

 

Mais plus encore un bilan clinique très rassurant pour le Lévothyrox « AF »

 

Résultats cliniques du Lévothyrox® Merck  Commission nationale de PHARMACOVIGILANCE du 27/03/12

– Sur la période du 06.11.2009 au 30.06.2011 (..) Le taux de notification « d’EI » sur cette période est estimé à 0,08 pour 100 000 mois-traitement.

Sur lannée 2011 il est de 0,075 pour 100 000 mois-traitement , identique, voire en légère diminution, par rapport au premier rapport.

 

– A titre de comparaison la Lévothyroxine Biogaran   présentait un taux de  1,3 pour 100 000 mois- traitement, soit 17 fois plus élevé..

 

– Or, à notre connaissance, de 2012 à 2018 :

AUCUNE étude menée par l’ANSM ou validée par quelque autorité sanitaire que ce soit n’est venue contredire cet état de fait  satisfaisant en termes pharmacologiques.

AUCUN  signal de pharmacovigilance mettant en cause le Lévothyrox n’a été constaté

 

Bien au contraire la « Commission Nationale de la Transparence »  du 23/09/15 a conclu :

Compte tenu de ces éléments, la Commission considère que le service médical rendu par LEVOTHYROX (AF) reste important dans le traitement des circonstances, associées ou non à une hypothyroïdie, l’on désire freiner la TSH.

 

Et, plus tard le 22 mars 2017 à la veille de sa mise sur le marché cette même« Commission Nationale de la Transparence » «   examinant la demande d’AMM du Levothyrox « NF » concluait :

Ces présentations sont des compléments de gamme qui napportent pas damélioration du service médical rendu (ASMR V) par rapport aux présentations déjà inscrites.

 

La réalité c’est donc l’inverse de la prétendue « meilleure thérapeutique » vantée par l’ANSM

 

 

Des affirmations sans preuves et un déni de réalité :

 

Alors même « qu’une vague d’Effets Indésirables d’une ampleur inédite » avait déjà été enregistrée  s’est obstinée à affirmer, sans le moindre début de commencement de preuve (cf. document « Questions Réponses d’Août 2017) que :

 

« Lancienne formule était de qualité inférieure à la nouvelle formule. « …

– Sachant que cest clairement contraire à l’avis de la Commission de transparence dont c’est la compétence…

« Des cas de dysfonctionnement  thyroïdien (hypo ou hyperthyroïdie) ont été observés avec lancienne formule en raison dune teneur en principe actif qui pouvait varier au cours du temps ».

Affirmation paradoxale sachant qu’il y avait en moyenne 5 à 10 « EI » /an  avec le Lévothyrox « AF » et qu’on en avait déjà répertorié plus de 14 600 en 6 mois avec la « NF »

« Ce changement de formule du Levothyrox a été réalisé par le laboratoire Merck, à la demande de lANSM, car il pouvait exister des différences de teneur en lévothyroxine non seulement dun lot à lautre de Levothyrox mais aussi au cours du temps pour un même lot.

– On a vu plus haut ce qu’il était

Ces fluctuations en teneur active étaient à lorigine de perturbations de léquilibre thyroïdien chez les patients. »  

– Cela sans  la moindre preuve et sans AUCUNE étude comparative entre « AF » et « NF »

Il revient donc à l’ANSM de justifier sa décision et de démontrer sur la base de quelles études validées, et suite à la décision de quelles instances compétentes elle a pris cette décision en 2012 et l’a maintenu par la suite.

 

S’agissant de la non prise en compte du risque de TOUTE « substitution » 

Lévothyroxine : La substitution  un risque majeur pour la FDA

Au moins autant que le « resserrement des spécifications »  la FDA  met l’accent, et depuis longtemps sur le RISQUE que constitue TOUTE substitution d’un produit par un autre.

Joint Statement on the U.S. Food and Drug Administration’s Decision Regarding Bioequivalence of Levothyroxine Sodium American Thyroid Association, The Endocrine Society, and American Association of Clinical Endocrinologists (juin 2004)  Extra   it :

Meilleures pratiques des médecins :

Les patients doivent être maintenus sous le même nom de marque de lévothyroxine.

 

Si la marque de la lévothyroxine est modifiée, d’une marque à une autre, d’une marque à un produit générique, ou d’un produit générique à un autre produit générique, les patients doivent être réévalués, retestés en mesurant la TSH sérique dans six (6) semaines, et  au besoin replacés sous le médicament précédent.

 

Pour la FDA touts substitution est donc « à risque » et  elle doit systématiquement être accompagnée  d’un suivi clinique et biologique pour TOUS les patients dont le traitement a été modifié et non pour les seuls patients « dits à risque » comme l’a décidé l’ANSM (« économies » obligent )

 

– De plus  (texte cité dans le rapport du CTPV d’octobre 2017) :

L’analyse des effets indésirables rapportés par les membres de la société américaine d’endocrinologie en 2010 montre, sur les 199 effets relevés en lien avec le traitement, que si 89% sont apparus après un changement de spécialité de levothyroxine, 11% sont apparus sans aucun changement de spécialité (Hennessey et al 2010).

Jonkaas et al (2014) soulignent qu’il est souhaitable de maintenir dans le temps les patients avec la même spécialité.

 

L’exemple des multiples exemples français et étrangers

 

Depuis 2001 GSK a développé une nouvelle formulation de son « ELTROXIN » (déjà en supprimant l’un de ses excipients le lactose. CEt « ELTROXIN NF (!!!) » a été diffusé en Nouvelle Zélande , au Dannemark, en Australie , en Israel, avec à chaque fois des effets secondaires nombreux et parfois sévères. Ainsi :

 

-En Nouvelle Zélande où ce médicament était en situation de monopole pour 70 000 patients traités leur agence de santé (CARM) a reçu 1309 avis d' »EI »  en 5 mois au lieu de 14 avant la substitution obligeant Medsafe à se fournir en traitement alternatif.

 

En Israël où là encore l »ELTROXIN » était hégémonique (200 00 patients traités) les mêmes problèmes se sont posés.. et la solution a été d’importer en urgence .. de l’EUTHYROX allemand (notre Levothyrox AF »). Et suite à une « class action et à un arbitrage le fabricant (PERRIGO a été condamné à verser de 1 000€ à 2 500 € par plaignant plus 1,2 millions € à titre de « don pour l’aide au traitement des problèmes endocriniens »…

 

Les belges ont été beaucoup plus prudents : Ils avaient réalisé de véritables études cliniques préalables montrant une absorption plus forte que la formule précédente, incitant à une baisse des doses. L’assurance maladie a accepté de prendre en charge les dosages systématiques et les consultations et le changement de formulation s’était fait avec une importante information directe des patients. En outre la L-thyroxine n’était pas hégémonique et il existait des alternatives. Grâce à ces diverses précautions  le changement ne s’est pas trop mal passé.

 

Pour mémoire nous rappellerons le fiasco total de la tentative de substitution par des génériques BIOGARAN et TEVA. Suite aux effets secondaires ressentis par les patients le caractère « non substituable » des prescriptions de princeps fut reconnu et ces 2 produits disparurent rapidement du marché.

 

Des leçons qui n’ont, hélas, pas été tirées par le couple MERCK /ANSM

 

Ce n’était donc pas faute de connaître le risque potentiel de toute substitution de masse que cette décision, cliniquement peu ou pas justifiée a été mise en œuvre de façon massive et brutale.

 

Alors que l’analyse des bénéfices / risques des médicaments est une des missions majeures de l’ANSM, que la Loi de 2011 la prévu  la création d’une  « Commission de suivi du rapport bénéfice risque des produits de santé » qui peut être consultée par le directeur général chaque fois que l’instruction d’un dossier nécessite un avis collégial complémentaire à une évaluation interne sur une question concernant :

  • une réévaluation du rapport bénéfice/risque de médicaments et autres produits de santé
  • des modifications substantielles des autorisations de mises sur le marché des médicaments notamment sur les rubriques de sécurité figurant dans les résumés des caractéristiques des produits
  • des informations recueillies dans le cadre des vigilances et de la surveillance des produits de santé

– Il nous sera donné acte que cette commission n’a pas été consultée par le Directeur général de l’ANSM  AVANT que ne soit  mise en œuvre cette substitution de masse.

 

(La question n’a été évoquée dans cette Commission, et encore en fin de séance et seulement pour information et sans vote, que lors de la réunion du 3 octobre 2017)

 

Et ce alors même que :

– Cette « NF » n’avait pas été expérimentée cliniquement avant sa généralisation.

– La commission de la transparence avait considéré qu’elle n’améliorait pas le service rendu

– Que » l’AF » n’occasionnait qu’un nombre particulièrement faible d’effets indésirables

– Que l’on pouvait prévoir que cette substitution de masse occasionnerait un nombre significatifs d’effets indésirables parfois graves comme cela a été le cas dans la quasi totalité des pays étrangers où des opérations identiques ont été menées.

– Que consigne avait été donnée par le couple ANSM/ MERCK aux pharmaciens d’épuiser totalement leurs stocks « d’AF » avant de délivrer des « NF » de façon à rendre difficile voire impossible pour les patients tout retour à leur médicament précédent.

 

– Dans ces conditions s’agissant d’un traitement prescrit quotidiennement et au long cours à 3 millions de patients la décision de ne pas consulter préalablement cette « Commission du rapport  bénéfices / risques » engage directement la responsabilité personnelle du Directeur Général.

 

Car si celle-ci avait été consultée il est probable qu’elle aurait considéré que les « bénéfices possibles », nécessairement modestes, (compte tenu d’une part de l’efficacité et de la bonne tolérance de « l’AF » et d’autre part de l’avis de la « Commission de Transparence » sur l’absence d’amélioration du service rendu par la » NF »  ) n’étaient pas suffisants pour compenser les  risques avérés et parfois sévères que font courir aux patients TOUTES les substitution d’une marque ou d’une formulation à une autre.

 

– Et en application du principe du « primum non nocere » elle n’aurait pas manqué de conseiller de surseoir à une telle substitution de masse à tout le moins jusqu’à ce qu’une étude clinique sur des effectifs et une durée suffisante ait permis d’étudier et de quantifier d’une part les avantages et d’autre part les effets indésirables d’une telle mesure.

 

 Les choix personnels des patients et le  « déni de réalité » obstiné de l’ANSM

 

– Il va de soi qu’à ce jour la question du rapport bénéfices / risques a été définitivement tranchée.  Au prix, hélas, de la souffrance et de la mise en danger de la santé de milliers de patients. Nul esprit censé ou nul observateur un tant soit peu objectif  ne peut plus prétendre que ce changement brutal, présenté sans preuve comme une « meilleure thérapeutique »   a « diminué les risques » et amélioré l’état de santé des patients.

 

Bien au contraire. comme en témoignent :

– Le nombre « extra-ordinaire » de patients ayant déclarés des « Événements Indésirables »  liés à cette substitution  (14 630 en 6 mois contre moins de 10/an auparavant). Pour mémoire l’ensemble des événements Indésirables pour l’ENSEMBLE des médicaments est d’environ 50 000/an. A lui seul le Levothyrox « NF » c’est  donc près de +30% en 6 mois !!!

– Mais au delà, sur 3 Millions de patients sous Lévothyroxine plus de 600 000 ont fait, malgré les obstacles de tous ordres, la démarche matériellement compliquée, de passer à un « traitement alternatif » lorsque du moins ils ont pu réussir à l’obtenir.

 

– Ils n’ont pas obéi à une « pression médiatique » ou à une « mode », ils n’ont pas été victimes de je ne sais quel « effet nocebo », mais ils ont estimé que compte tenu de l’effet négatif que ce nouveau médicament avait sur leur perception de leur propre état de santé il leur  fallait, au plus vite, trouver un autre médicament leur permettant de retrouver leur équilibre hormonal ancien.

 

L’ANSM et MERCK n’ont cessé de vouloir obstinément nier cette réalité. et  d’écouter les plaintes et les souffrances des patients.

 

Sur le possible rôle de MERCK dans cette affaire : Nous n’avons certes pas de « preuve » avérée mais des interrogations fortes et légitimes   :

 

–  L’ANSM n’a cessé de présenter sa décision de 2012  (néanmoins non rendue publique à ce jour) d’imposer le passage de l’AF à la NF comme « autonome » et « imposée » par elle  au fabricant.

– Or cette décision n’a  JAMAIS  été critiquée, du moins publiquement, par MERCK alors quelle remettait en cause l’un de ses produits phares dans un domaine dans lequel il était en situation de quasi monopole

– Et l’on sait que lorsqu’ils se sentent attaqués les industriels du médicament savent toujours se faire entendre. Et que s’ils ne le font pas c’est qu’ils ne sentent guère menacés, voire qu’ils se satisfont d’une mesure qui les concerne.

 

Aussi sauf à ce que l’on nous fournisse la copie de multiples courriers, mails ou interventions de MERCK protestant, énergiquement, contre cette décision (et/ou demandant des « compensations » )  nous serions en droit de penser que d’une façon ou d’une autre cette firme y a été associée en amont (ou à minima qu’elle ne dérangerait pas ses plans)

 

– S’agissant du remplacement du « Lactose » par le « Mannitol » c’était, chacun le sait, un préalable indispensable à tout développement d’un médicament sur cet enjeu majeur qu’est le marché asiatique, et notamment la Chine… Où, mais c’est sans doute un simple hasard, MERCK vient d’inaugurer, en grande pompe, un nouveau site industriel.

 

– Il semble en outre que les brevets,  non de la molécule elle-même mais de ses « procès de production » » tomberaient dans le domaine public fin 2018. Et qu’il y aurait donc urgence pour MERCK à imposer une innovation galénique lui  réouvrant un nouveau brevet.

 

– La mesure (prétendument ??) imposée par l’ANSM à MERCK aurait donc (fortuitement ??) été conforme à la stratégie industrielle et commerciale mondiale d’ores et déjà décidée par celle-ci. La décision de l’ANSM lui donnant l’occasion de mettre en œuvre cette substitution sur un marché majeur, en s’abritant derrière une décision d’une Agence de sécurité sanitaire.

 

– Il ne s’agit certes  là que d’une simple conjecture. mais elle a pour mérite d’expliquer : Le refus de prolonger durablement la fourniture à la France de l’EUTHYROX « AF » (qui continue à être produit en et pour l’Allemagne). La mise sur le marché d’un EUTHYROX « NF » en Suisse  (de la propre initiative de MERCK et non, semble-t-il, à la demande des autorités sanitaires helvétiques). Et l’annonce qu’il en sera de même à moyen terme en Allemagne.

 

– Il va de soi que si, par exemple à l’occasion de l’instruction pénale en cours, il apparaissait que la décision de l’ANSM n’avait pas été « aussi autonome » que cela a constamment été affirmé cette « crise sanitaire » avérée se transformerait en un véritable « scandale sanitaire » mettant en cause la crédibilité des agences (qui tient à leur totale  indépendance) et indirectement celle de lÉtat qui en assure la tutelle.

 

– D’où l’importance que soit lancée, sans délai, l’enquête, approfondie  et impartiale, dont nous avons demandé  à Mme la Ministre qu’elle charge l’IGAS.

 

Sur l’absence coupable de toute étude clinique préalable à cette « substitution » :

 

– S’agissant d’un médicament indispensable et en situation de « monopole de fait » nous nous « étonnons » (le mot est faible) de ce que cette substitution ait été imposée, avec la « garantie » de l’Agence Nationale de SECURITE Sanitaire » sur la base d’une seule étude de « biodisponibilité », réalisée en prise unique sur 216 volontaires jeunes et en bonne santé pour un médicament destiné à la consommation quotidienne des années durant  de 2,6 millions de « malades » âgés en moyenne de 55 ans.

 

– Nous sommes scandalisés de ce que, en contradiction absolue avec le « principe de précaution », et avec tout bon sens, l’ANSM et MERCK n’aient pas, entre 2012 et 2017, fait réaliser, sur des patients traités par Levothyroxine,  la moindre étude clinique d’efficacité et de tolérance de cette « nouvelle formulation » (en clair ce « nouveau médicament »)  avant d’en généraliser l’usage. Comme ce fût le cas en Belgique.

 

– L’ANSM a prétendu, et continue à prétendre, que l’on pouvait se limiter à une simple étude de « biodisponibilité » comme c’est la cas pour les « vrais génériques ». Comme si  de simples dosages sanguins suite à la prise unique d’une dose massive (600 microgr) chez 216 volontaires jeunes et en bonne santé pouvait permettre de garantir l’efficacité et l’innocuité d’une médicament prescrit quotidiennement, des années durant, à 3 millions de malades, âgés de plus de 55 ans en moyenne…On a vu le résultat de cette absence coupable des précautions minima…

 

Le Levothyrox « NF » n’est pas un « générique » mais  un « nouveau médicament » :

 

–  MERCK et l’ANSM présentent la « NF » comme une « nouvelle formulation », dont ils affirment (sans preuve) qu’elle est « plus stable » et (contre toute évidence au regard des faits) que le changement de processus de fabrication la suppression du lactose et son remplacement par le mannitol n’aurait que des avantages. La « NF » et l’AF » sont donc bien des médicaments différents.

 

– Or selon le Code de la Santé (Article L5121-1-5°) ne sont pas considérés comme appartenant à un même « groupe générique »  des médicaments  qui  « présentent des propriétés sensiblement différentes au regard de la sécurité ou de l’efficacité. »

 

– C’est le cas puisque selon  l’ANSM le LEVOTHYROX « NF » constitue « une meilleure thérapeutique pour les patients » .  Dès lors :

Soit si elle est effectivement « meilleure » c’est donc qu’elle n’est pas « semblable » et elle

 ne relève donc pas des procédures allégées d’AMM qui ne concernent que les « vrais » génériques c’est à dire des médicaments « essentiellement similaires ».

– Soit à l’inverse si la « NF » est « semblable » à « l’AF »  et n’en n’est qu’un « générique » dont on aurait simplement changé l’excipient sans en modifier l’activité et elle n’est donc « pas meilleure » et cette substitution forcée n’avait donc pas de raison d’être.

Une crise qui aurait été pu être évitée par une expérimentation préalable  et a été aggravée par une substitution brutale sans alternative disponible sur le marché :

 

–  Comme tout « médicament nouveau », préalablement à sa mise sur la marché et à sa généralisation obligée, le LEVOTHYROX « NF », aurait donc   être soumis à une expérimentation clinique préalable, validée (en termes d’effectifs, de durée, de double aveugle, etc..) mais cela aurait coûté à MERCK du temps et de l’argent…

 

–  Si de telles études avaient été menées et si l’introduction de la « NF » s’était faite, progressivement, sur des effectifs réduits, avec un contrôle renforcé et avec suffisamment de stocks « d’AF » pour répondre à la demande en cas de problème rien de tout cela ne serait arrivé.

 

– Lors du fiasco de la tentative d’introduction du générique de BIOGARAN en 2009 le retour au LEVOTHYROX, et la reconnaissance du caractère « non substituable » des prescriptions de Lévothyroxine,  avaient mis fin rapidement à la crise. Aucune leçon n’a été tirée de cette regrettable expérience. Et aucune précaution prise en cas de problèmes (prévisibles).

 

– Au contraire. puisque, circonstance aggravante, l’ANSM et MERCK, ont conjointement, donné comme consigne aux pharmaciens de vider tous leurs stocks « d’AF » avant de distribuer la « NF » afin d’interdire toute possibilité de « retour en arrière ». Privilégiant les intérêts commerciaux de MERCK sur les impératifs de sécurité sanitaire qui sont, ou devraient être, ceux de l’ANSM. Dommage pour les « patients-cobayes ».

 

– De ce fait lorsque, non  pas pour tous mais pour bon nombre de patients, sont apparus des troubles parfois graves en relation avec la modification de leur traitement il n’y avait aucune alternative disponible sur le marché français. Les obligeant soit à réussir à se « débrouiller » pour se procurer l’ancienne formule à l’étranger, soit à continuer un médicament qui ne leur convenait pas, soit, pire encore, à être tenter d’arrêter un traitement indispensable.

 

Une crise aggravée par le déni de réalité persistant de l’ANSM enfermée dans ses certitudes et piégée par la garantie d’amélioration de la « qualité »donnée à la « NF »

 

– Cette « garantie » commence avec l’envoi en février 2017  d’une «Lettre aux professionnels de santé » adressée par MERCK et présentée comme une « Information transmise sous l’autorité de l’ANSM » qui sans qu’aucune enquête indépendante n’ait validé une telle affirmation  affirme :

« Elle se caractérise par une amélioration de la stabilité en substance active durant toute la durée de conservation »

 

– Ultérieurement dans un document d’août 2017 (« Questions-Réponses » à destination des patients) l’ANSM, s’entêtant dans son incroyable déni de réalité n’hésitait pas à écrire :

« Lancienne formule était de qualité inférieure à la nouvelle formule. En effet, des cas de dysfonctionnement  thyroïdien (hypo ou hyperthyroïdie) ont été observés avec lancienne formule en raison dune teneur en principe actif qui pouvait varier au cours du temps ».

Alors qu’elle avait déjà enregistré à cette date « 14 633 cas en 6 mois » d’effets indésirables liés au passage à la « NF » !!!  au lieu de 9 à10/an !!!  Drôle damélioration de la qualité !!!

– Enfermée dans ses pseudos-certitudes l’ANSM s’est durablement obstinée à nier l’évidence :

– En  minimisant l’importance de la crise, en prêchant la patience aux malades en ne les écoutant pas, préférant dénoncer les réseaux sociaux et un prétendu effet « nocebo ».

– Faisant ainsi obstacle au diagnostic, au risque de prolonger et d’aggraver la souffrance de patients

– Les obligeant à se « débrouiller » pour trouver à l’étranger le traitement  qu’ils ne pouvaient plus se procurer chez nous faute qu’ait été prises, à temps,  les  décisions indispensables de mise sur le marché d’alternatives.

 

Et au-delà de ces dysfonctionnements graves des mécanismes de sécurité sanitaire qui doivent être repensés à la lumière des enseignements de cette crise pour éviter qu’elle ne se reproduise.

 

La volonté qu’un « groupe de travail scientifique pluridisciplinaire »  indépendant  permette de mettre à jour les causes réelles des troubles objectifs, parfois graves,  dont des milliers de patient(e)s ont été victimes avec ce médicament.

 

Pour le « Conseil Scientifique de l’AFMT »

Dr Philippe SOPENA

 

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