Coronavirus. Des anciens d’Honeywell veulent relancer la production de masques

Un ancien directeur et des anciens salariés de l’usine Honeywell, à Plaintel (Côtes-d’Armor), avec des élus du secteur, veulent que soit relancée la fabrication de masques de protection près de Saint-Brieuc. L’usine Honeywell, qui pouvait produire 200 millions de masques par an, a fermé en septembre 2018.

Un groupe de travail se constitue pour relancer une usine de fabrication de masques jetables dans le secteur de Saint-Brieuc.
Un groupe de travail se constitue pour relancer une usine de fabrication de masques jetables dans le secteur de Saint-Brieuc. | OUEST-FRANCE

Afficher le diaporamaOuest-France  Emmanuelle METIVIER.Publié le 31/03/2020 à 07h00ABONNEZ-VOUS

En septembre 2018, le consortium américain Honeywell fermait son site de production industrielle de Plaintel spécialisé dans la fabrication de masques jetables. « Un vrai désastre », se souvient Jean-Jacques Fuan, directeur du site de 1991 à 2006.

Cette usine avait une capacité de production de 200 millions de masques par an. Honeywell a délocalisé son activité en Tunisie, envoyé les chaînes de production à la ferraille et le site de Plaintel a été vendu. Les 38 salariés qui restaient encore après une succession de plans de suppressions d’emplois en sept ans ont été licenciés.

Jean-Jacques Fuan, ancien directeur du site et ancien président du pays de Saint-Brieuc. | ARCHIVES OUEST-FRANCE

Localement, tout le savoir-faire existe encore

Alors que la pénurie de masques de protection est criante, Jean-Jacques Fuan souhaite voir relancée la production de masques dans la région de Saint-Brieuc. Il a créé un groupe de travail en vue de constituer une Scop. « Le site n’est pas relançable et les chaînes de production ont disparu, mais localement, tout le savoir-faire existe encore », estime celui qui fut aussi ancien président du Pays de Saint-Brieuc.

Les anciens d’Honeywell peuvent compter sur le soutien de Marie-Claire Diouron, maire de Saint-Brieuc et présidente de Saint-Brieuc Armor agglomération, qui en « appelle au réarmement industriel de notre territoire afin que notre protection sanitaire ne dépende plus uniquement de l’étranger » et demande à l’État que soit relancé « un site de ce type au plus vite ».

Communiqué de presse

Que se cache-t-il derrière la fermeture de l’usine Honeywell de Plaintel ?

Un scandale d’Etat !

Fin 2018 le groupe multinational américain Honeywell  fermait son site de production industriel  de Plaintel pour le délocaliser en Tunisie licenciant en même temps 38 salarié(es). Cette  entreprise, créée il y a une cinquantaine d’années et  qui compta jusqu’à 300 salarié(es) avant son rachat en 2010 par Honeywell, au groupe Spirian fabriquait des masques respiratoires jetables et des vêtements de protections sanitaires en quantité considérable. Sa production était de 200 millions de masques par an, soit près de 20 millions par mois, fabriqués sur des  machines ultras-modernes pouvant produire chacune 4000 masques à l’heure.

Non contente de faire appel aux aides de l’Etat pour financer les huit plans sociaux que la multinationale Honeywell  à mis en œuvre pour se débarrasser de ses salariés, Honeywell a pris la décision irresponsable en novembre 2018 de détruire ses huit machines en les faisant  concasser par  la déchetterie située sur la zone industrielle des Châtelet à Ploufragan.

Les sections syndicales Cgt et Cfdt de l’usine de Plaintel avaient  à l’époque, lancé un cri d’alarme pour empêcher la fermeture du site et la destruction de leur outil de production. Elles avaient multiplié les actions et les démarches pour éviter le pire. Elles s’étaient même adressées au Président de la République Emmanuel Macron et au Ministre de l’Economie Bruno Le Maire. Mais ces derniers ce sont contentés d’accuser réception de leurs courriers mais se sont bien gardés d’intervenir. Ils pensaient sans doute en bon libéraux, qu’une intervention de l’Etat ne servirait à rien, puisque que dans un monde mondialisé et heureux,  la main invisible du marché finirait par montrer son efficience pour préserver l’intérêt général.

Aujourd’hui, le retour au réel est brutal et c’est avec  stupeur que le pays tout entier découvre avec la catastrophe sanitaire du coronavirus qu’il ne possède  pratiquement pas de stocks de masques, pourtant indispensables pour protéger les personnels soignants, l’entourage des malades et tous les salarié(es) obligé(es) de  travailler pour éviter que le pays tout entier ne s’écroule. Pour l’union syndicale Solidaires des Côtes d’Armor, la fermeture de l’usine Honeywell de Plaintel et la destruction de ses outils de production, comme l’inaction des autorités publiques représentent un scandale qui doit être dénoncé. La chaine des responsabilités dans cette affaire doit aussi être mise en lumière. Les Dirigeants  d’Honeywell et les autorités de l’Etat doivent aujourd’hui rendre des comptes au pays. D’ores et déjà Solidaires a demandé à plusieurs Parlementaires de la Région d’interpeller le Gouvernement sur ce scandale. Solidaires propose également que le site industriel de fabrication de masques de protection  sanitaire de Plaintel soit récréé en urgence sous un statut d’Etablissement Public Industriel et Commercial  (EPIC) ou sous la forme d’une Société Coopérative Ouvrière de Production (SCOOP). Le personnel compétent et disponible existe et ne demande que cela. De l’argent il y en a. La Banque Centrale Européenne vient de débloquer 750 milliards de liquidités. Que cet argent soit mis en priorité au service de l’urgence sanitaire et de l’intérêt général, plutôt que de laisser aux seules banques privées le privilège de le prêter ou pas.

Saint Brieuc le 26 mars 2020.

Le Bureau Départemental de Solidaires des Côtes d’Armor

Union syndicale Solidaires des Côtes d’Armor –  1 rue Zénaïde Fleuriot 22000 St Brieuc : 02 96 33 50 89 – solidaires22@orange.fr –  https://www.facebook.com/Solidaires22-1819449424988379/

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