Toulouse. Des victimes du Levothyrox contestent les expertises, « qui ne recherchent pas la vérité »

À Toulouse, les expertises judiciaires ordonnées par le tribunal de grande instance sont contestées par les plaignants qui se disent victimes du Levothyrox. Les détails.

Affaire du Lévothyrox : les expertises judiciaires ordonnées par le tribunal de grande instance de Toulouse, sont contestées par des plaignants.
Affaire du Lévothyrox : les expertises judiciaires ordonnées par le tribunal de grande instance de Toulouse, sont contestées par des plaignants. (©Archives / actu.fr)

Par Gabriel KenediPublié le 25 Mar 19 à 15:22  mis à jour le 25 Mar 19 à 15:23

En novembre 2018, le Tribunal de grande instance de Toulouse avait ordonné qu’une expertise soit réalisée sur 42 plaignants de la région toulousaine qui avaient assigné en justice le laboratoire Merck, après avoir ressenti d’importants troubles suite au changement de formule de ce médicament prescrit aux patients souffrant de la thyroïde, pris par trois millions de personnes en France. 

Fatigue, vertiges… 

Maux de tête, grande fatigue, douleurs articulaires, perte de mémoire, vertiges… En France, plusieurs milliers de patients (en quasi-totalité des patientes) ont ressenti de nombreux troubles, suite à ce changement de formule, à l’été 2017. Des troubles qui se sont dissipés dès que ces patients ont changé de prescription. Depuis, de nombreuses actions en justice ont été entamées depuis dans plusieurs villes de France (Toulouse, Lyon, Marseille…).

À Toulouse, les plaignants réclament ainsi le versement de 15 000 euros au titre du préjudice d’anxiété et 15 000 euros au titre du préjudice moral… Et surtout, ils veulent comprendre pourquoi ils ont été malades. L’expertise judiciaire a donc été ordonnée dans le but de savoir s’il existait un lien de causalité entre la prise de la nouvelle formule et l’apparition de ces effets indésirables. 

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« L’impression que j’allais mourrir »

Quelques mois après l’ordonnance du tribunal de grande instance de Toulouse, un incident s’est produit dès la deuxième expertise judiciaire réalisée sur une plaignante, le 22 février 2019.about:blankhttps://acdn.adnxs.com/dmp/async_usersync.html

« L’expertise n’a pas eu lieu puisque nous avons demandé de trouver la cause des troubles que j’ai subis par une expertise du médicament. Mais cela a été refusé par les experts. Mon avocat et moi-même sommes donc partis », indique Christelle Briffaud, qui a subi d’importants effets indésirables suite au changement de formule. « J’ai eu l’impression que j’allais mourir. J’avais mal partout, à tous mes muscles, mal à l’estomac. J’ai eu des pertes de mémoire.. », rappelle-t-elle. 

Christelle et Sylvie Chéreau, deux victimes du changement de formule du Lévothyrox.
Christelle Briffaud et Sylvie Chéreau, deux victimes du changement de formule du Lévothyrox. (©G.K. / Actu Toulouse)

« On ne recherche pas la vérité ! »

Son avocat, Me Jacques Levy, qui représente 42 plaignants, met en doute la sincérité de cette expertise : 

On ne va pas rechercher les véritables causes des malaises subis par les malades. On ne fait que les examiner eux, personnellement et physiquement, sans rechercher ce que demande le tribunal, c’est à dire les liens de causalité entre le médicament et les malaises ressentis par les malades. Dans la mesure où on ne recherche pas la vérité, nous n’avons rien à faire dans des expertises de ce type. C’est exactement comme si on refusait d’expertiser une boîte noire après un crash d’avion, puisqu’on ne va pas chercher dans le médicament ce qui les rend malades.

Et l’avocat, qui avait obtenu la remise en circulation de l’ancienne formule du Levothyrox, ajoute : « On se contente d’un interrogatoire des patients et surtout on se contente d’analyses faites par l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, ndlr), des analyses critiquables puisque c’est l’ANSM elle-même qui avait demandé la modification du médicament. Autrement dit, on va demander à celui qui est peut-être la cause des malaises ressentis de nous donner la preuve que le médicament est sain ».https://platform.twitter.com/embed/index.html?creatorScreenName=actufr&dnt=true&embedId=twitter-widget-0&frame=false&hideCard=false&hideThread=true&id=1110139854686470144&lang=fr&origin=https%3A%2F%2Factu.fr%2Foccitanie%2Ftoulouse_31555%2Ftoulouse-victimes-levothyrox-contestent-expertises-recherchent-pas-verite_22493046.html&siteScreenName=actufr&theme=light&widgetsVersion=ed20a2b%3A1601588405575&width=500px

#Levothyrox : à #Toulouse, les plaignants ont claqué la porte de l’expertise judiciaire menée concernant l’analyse de la nouvelle formule de ce médicament. Leur avocat, Me Jacques Levy, explique pourquoi : pic.twitter.com/mb66aeSJkR

— Gabriel Kenedi (@gabrielkenedi) March 25, 2019

Situation kafkaïenne 

« On a un médicament qui rend malade mais on ne peut pas l’examiner ! Je pose la question : pourquoi ? », renchérit Me Levy, qui évoque une « situation kafkaïenne ». L’avocat va rencontrer, mercredi 27 mars 2019, le président du tribunal de grande instance, afin de demander le changement des experts et qui souhaite une analyse des lots des médicaments prescrits aux patients souffrant de troubles graves, suite à la prise de ce médicament. 

« Chaque médicament fait partie d’un lot. Il suffit d’analyser les lots qui ont correspondu à des souffrances dramatiques chez des malades pour vérifier scientifiquement, chimiquement, si ces lots ont une anomalie scientifique ! », tempête Jacques Lévy. L’avocat rappelle qu’une autre étude (qui n’a pour le moment jamais été publiée, ndlr) menée par un chercheur toulousain du CNRS, a mis en exergue des impuretés dans la nouvelles formule du Levothyrox, mais n’a jamais été prise en compte. 

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« Ce médicament m’a empoisonnée ! »

Sylvie Chéreau, la présidente du collectif des victimes du Levothyrox en Occitanie, rappelle qu’il s’agit d’un « médicament vital » pour de nombreuses patientes  : « Ce médicament m’a empoisonnée et je veux savoir pourquoi ce médicament m’a donné de tels effets indésirables, à ne plus dormir, à ne plus monter les escaliers, à ne plus conduire et à être hyper fatiguée ! Si on ne fait pas l’expertise chimique, on n’arrivera à rien ! On sent que tout est verrouillé ! ». 

Saurons-nous,  le 4 mars 2021,  si c’est la fin du combat pour obtenir les expertises de certains lots par la Juge de la Cour d’Appel de Toulouse ?
– Maitre Jacques LEVY, avocat de notre collectif a dès le début chercher à obtenir par tous les moyens ces expertises.
– Merck de son côté, a usé de tous les recours pour gagner du temps.
L’Autorisation de Mise sur le Marché a été modifiée fin 2018 par Merck, en plein scandale de la nouvelle formule.
Pourquoi ?
Aurions-nous été les 3 millions de cobayes de Merck en France…
Ce sera seulement avec ces expertises que nous aurons la vérité sur la composition, la qualité, et la modification de l’AMM.
En France, ce sont les victimes qui se mobilisent pour la vérité, les victimes qui financent des analyses, les victimes qui se battent pour que cela ne se reproduise plus jamais.
Soyons confiants

Sylvie Chereau

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