Tous devant votre télévision le 15 mars à 20h 40 sur ARTE

J’ai le plaisir de vous informer que mon film « Notre poison quotidien « sera
diffusé le : 15 mars sur ARTE, à 20 heures 40. Je commence aujourd’hui une série
de papiers qui vont expliquer la démarche que j’ai suivie pour réaliser cette longue
enquête qui m’a conduite dans six pays européens (France, Italie, Allemagne,
Suisse, Grande Bretagne, Danemark), aux Etats Unis, au Canada, au Chili, et en
Inde. Pourquoi cette enquête?Alors que je travaillais sur le passé et le présent peu
glorieux de Monsanto et que je découvrais comment depuis sa création au début
du XXème siècle la firme n’a cessé de cacher la haute toxicité de ses produits, je
me suis posé trois questions: – Est-ce que le comportement de Monsanto constitue
une *exception* dans l’histoire industrielle? – Comment sont *réglementés* les 100
000 molécules chimiques qui ont envahi notre environnement depuis la fin de la
seconde guerre mondiale? – Y-a-t il un lien entre l’exposition à ces produits
chimiques et « l’épidémie de maladies chroniques évitables » que l’ Organisation
mondiale de la santé OMS) a constatée surtout dans les pays dits « développés » (
les termes que j’ai mis entre guillemets sont ceux utilisés par l’OMS)? Consciente
que le champ d’investigation était très vaste, j’ai décidé de ne m’intéresser qu’aux
seuls produits chimiques qui entrent en contact avec notre chaîne alimentaire du
champ du paysan (pesticides) à l’assiette du consommateur (additifs et plastiques
alimentaires). Avant d’entreprendre mon nouveau tour du monde, j’ai réalisé un
long travail de recherche* préparatoire qui a consisté à lire de nombreux livres (une
centaine, essentiellement anglophones), rapports, études scientifiques et j’ai
rencontré des experts (toxicologues, biologistes, représentants des agences de
réglementation), soit directement lors de rendez-vous personnels ou lors de
colloques spécialisés. J’ai aussi consulté les *archives d’organisations
internationales comme l’OMS ou le Centre international de recherche sur le cancer
(CIRC) qui dépend de la première. Des infos http://robin.blog.arte.tv/category/notrepoison-
quotidien/
Marie-Monique robin
En voici une illustration : la « Recette de la tarte aux cerises »
Voici, la liste des produits chimiques utilisés pour la fabrication d’une tarte aux
cerises de supermarché, depuis le champ de blé jusqu’à l’usine agro-alimentaire.
Histoire de la Pâte:
– Pour obtenir la farine, les grains de blé ont été enrobés d’un fongicide avant
semis.
– Pendant sa culture, le blé a reçu de 2 à 6 traitements de pesticides selon
les années,
1 traitement aux hormones pour raccourcir les tiges afin d’éviter la verse et 1
dose importante d’engrais: 240 kg d’azote, 100 kg de phosphore et 100 kg de
potassium à l’hectare, tout de même !
– Le blé moissonné, dans le silo, après récolte, les grains sont fumigés au
tétrachlorure de carbone et au bisulfide de carbone, puis arrosés au
chlopyriphosméthyl.
– Pour la mouture,La farine reçoit du chlorure de nitrosyl, puis de l’acide
ascorbique, de la farine de fève, du gluten et de l’amylase.
Ensuite, il faut faire
– lever la pâte. La poudre levante est traitée au silicate de calcium et l’amidon
est blanchi au permanganate de potassium. Pas de pâte sans
– corps gras. Ceux-ci reçoivent un antioxydant (pour éviter le rancissement)
comme l’hydroxytoluène de butyl et un émulsifiant type lécithine.
Histoire de la Crème:
– La crème sur laquelle vont reposer les cerises se fait avec des oeufs, du lait,
et même de l’huile.*
– Les oeufs proviennent d’un élevage industriel où les poules sont nourries
avec des granulés contenant des : – antioxydants (E300 à E311),- arômes,-
émulsifiants: alginate de calcium,- conservateurs : acide formique,- colorants :
capsanthéine,- agents liants: lignosulfate- et enfin des appétants : glutamate de
sodium, pour qu’elles puissent avaler tout ça. Elles reçoivent aussi des
antibiotiques, bien entendu, et surtout des anticoccidiens. Les oeufs, avant
séchage, reçoivent des émulsifiants, des agents actifs de surface comme l’acide
cholique et une enzyme pour retirer le sucre du blanc.*
– Le lait provient d’un élevage industriel où les vaches reçoivent une
alimentation riche en produits chimiques :- antibiotiques : flavophospholipol
(F712) ou monensin-sodium (F714)- antioxydants : ascorbate de sodium (F301),
alphatocophérol de synthèse (F307), buthyl-hydrox-toluène (F321) ou
éthoxyquine (E324),- émulsifiants : alginate de propylène-glycol (F405) ou
polyéthylène glycol (F496),- conservateurs : acide acétique, acide tartrique
(E334), acide propionique (F280) et ses dérivés (F281 à E284),- composés
azotés chimiques : urée (F801) ou diurédo-isobutane (F803),- agents liants :
stéarate de sodium,- colorants : F131 ou F142- et enfin des appétants pour que
les vaches puissent manger tout ça, comme le glutamate de sodium.*
– Les huiles, quant à elles, ont été : -extraites par des solvants comme
l’acétone, -puis raffinées par action de l’acide sulfurique,- puis lavage à chaud,-
neutralisées à la lessive de soude,- décolorées au bioxyde de chlore ou au
bichromate de potassium- et désodorisées à 160°C avec du chlorure de zinc.-
Enfin, elles ont été recolorées à la curcumine.
La crème de la tarte, une fois fabriquée, reçoit des arômes et des stabilisants
comme l’acide alginique (E400).
Histoire des Cerises(complété d’après des éléments de « Aromathérapie » Jean
Valnet 1990, Maloine)Les cerisiers ont reçu pendant la saison entre 10 et 40
traitements de pesticides selon les années.* Les cerises sont :- Décolorées à
l’anhydride sulfureux- et recolorées de façon uniforme à l’acide carminique ou à
l’érythrosine.- Elles sont plongées dans une saumure contenant du sulfate
d’aluminium- et à la sortie, reçoivent un conservateur comme le sorbate de
potassium (E202). Elles sont enfin enduites d’un sucre qui provient de betteraves
qui, comme les blés, ont reçu leur bonne dose d’engrais et de pesticides. Ce
sucre est extrait par :- défécation à la chaux et à l’anhydride sulfureux,- puis
décoloré au sulfoxylate de sodium,- puis raffiné au norite et à l’alcool
isopropylique.- Il est enfin azuré au bleu anthraquinonique. Par ces traitements,
les cerises ayant donc perdu tout leur goût, il est nécessaire d’ajouter un parfum
artificiel alimentaire. Ce parfum est une recréation synthétique du goût et de l’odeur
à partir d’éléments artificiels issus de la chimie du pétrole aux prix de revient
extrêmement faibles (par économie d’échelle) en comparaison du parfum naturel
de fruit. L’exemple développé est ici la cerise, mais de tels composés servent à
recréer aussi bien des parfums artificiels de fraise, d’ananas, de framboise, de miel,
de caramel, de muguet.. etc.* Le parfum artificiel de cerise se compose donc des
molécules synthétiques (donc à la stéréochimie inversée) suivantes :- Acétate
d’éthyle- Acéthyl méthylcarbinol- Butyrate d’isoamyle- Caproate d’éthyle-
Caprylate d’isoamyle- Caprate d’ethyle- Butyrate de terpenyle- Géraniol-
Butyrate de geranyl – acetylacetate d’ethyle- Héptanoate d’éthyle- Aldéhyde
benzoïque- Aldéhyde p-toluique- Vanilline- Essence artificielle d’amande
amère SAP- Essence artificielle de girofle Bourbon- Essence artificielle de
cannelle Ceylan- Essence de lie de vin.
Ce texte, consacré à « la tarte aux cerises de supermarché » a été rédigé par
Claude Bourguignon, un ingénieur agronome qui travailla à l’INRA, avant de quitter
l’honorable maison pour cause de désaccord. Spécialiste de la microbiologie des
sols, c’est lui qui démontra, pour la première fois, que les sols cultivés à grand
renfort d’engrais chimiques et de pesticides, étaient biologiquement … morts. Tout
ce qui fait la vie, et donc la qualité des terres, à savoir les populations microbiennes
et fongiques, est détruit par les produits chimiques, conduisant à une perte des
nutriments et à l’érosion des sols. Membre de la Société américaine de
microbiologie (En France, il n’ y a plus aucune chaire de microbiologie des sols, y
compris à l’INRA!), Claude Bourguignon a créé avec sa femme le Laboratoire
d’analyse microbiologique des sols, qui intervient dans de nombreux pays, pour
aider les agriculteurs à retrouver la fertilité de leurs sols.
Vous voilà informés …
Bonne journée .

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