Les essais nucléaires une nouvelle fois mis en cause

Lundi 13 juin, pour la deuxième fois en moins d’une semaine, un vétéran des essais nucléaires vient de se voir accorder une pension par le Tribunal des pensions militaires de Brest. Michel Cariou, membre de l’AVEN, a fait une brillante carrière militaire comme officier de radioprotection. De 1966 à 1972, il fut affecté au Service mixte de sécurité radiologique lors des campagnes d¹essais nucléaires atmosphériques à Moruroa et Fangataufa. Dans ce cadre, il effectuait des mesures de radioactivité sur les atolls nucléaires et sur les îles voisines habitées.Depuis 1997, Michel Cariou est affecté de plusieurs pathologies cancéreuses dont un cancer de la thyroïde. En février dernier, après le rejet de son dossier d’indemnisation par le ministère de la défense, il avait fait valoir ses droits devant le tribunal des pensions militaires de Brest. Assisté de Maitre Laurence Chevé du cabinet Teissonnière qui assure la défense des victimes des essais nucléaires français, Michel Cariou avait développé devant les juges un argumentaire imparable, démontrant le lien entre sa maladie et sa participation à 31 tirs nucléaires dans l’atmosphère.
Après la décision positive du tribunal de Tours qui, le 7 juin, avait accordé une pension militaire à M. André Mézière vétéran des essais nucléaires du Sahara, les juges de Brest ont été convaincus de la justesse des arguments de Michel Cariou en même temps qu’ils reconnaissent que de graves négligences en matière de protection, selon les dire du vétéran, étaient monnaie courante lors des essais. Les juges donnent acte à M. Cariou que son cancer de la thyroïde est bien dû à une contamination contractée par l’iode 131 éjecté par les explosions nucléaires lorsqu¹il était en service à Moruroa
L’Association des vétérans des essais nucléaires (AVEN), forte aujourd’hui de 3 000 membres, se réjouit de cette nouvelle grande victoire au bénéfice d’un de ses adhérents.  » Nous espérons vivement que d’autres tribunaux vont s’inspirer des jugements de Tours et de Brest. Plusieurs vétérans sont actuellement en instance et près de 200 dossiers sont en cours de dépôt devant des tribunaux de métropole et de Polynésie, déclare le Dr Jean-Louis Valatx, président de l’AVEN. Ces résultats positifs vont encourager les victimes des essais nucléaires à faire reconnaître leurs droits après tant d’années de silence…  » Désormais, l’argument du ministère de la défense vantant ses  » essais propres  » et sans conséquences sur la santé s’effondre. La voie vers la création d’un fonds d’indemnisation de toutes les victimes des essais nucléaires est grande ouverte. Il reste au gouvernement et au législateur à mettre en place une loi qui fixe les conditions du suivi et de l’indemnisation de tous les vétérans, civils ou militaires, Français de métropole ou de Polynésie et Algériens, qui subissent des années après les désastreuses conséquences des 210 expériences nucléaires effectuées par la France au Sahara et en Polynésie.

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