Allo Ciné 10 film à revoir

Cinéma & Environnement : 10 films à (re)voir d’urgence
Par Olivier Pallaruelo (@Olivepal) — 2 juin 2017 à 09:00

Quand le cinéma offre des visions éco-responsables, citoyennes et engagées : la preuve par dix.

Yann Arthus-Bertrand
LA TRILOGIE « QATSI » DE GODFREY REGGIO : DU CINÉMA EXPÉRIMENTAL MILITANT

Dès 1982 avec le premier volet de son extraordinaire trilogie expérimentale « Qatsi », inaugurée par Koyaanisqatsi, le cinéaste Godfrey Reggio avait sans doute compris avant tout le monde le profond déséquilibre dans la marche du monde, entre la pollution, les rapports Nord / Sud, la société de consommation, le gaspillage des ressources… Tiré de la langue Hopi, Koyaanisqatsi signifie « la vie qui se désagrège, tumultueuse, en déséquilibre. Un état d’existence  qui exige un autre mode de vie ». Le sens du titre Powaqqatsi ? Il s’agit du nom donné par les Indiens Hopi d’Amérique du Nord a une manière d’être, une entité, qui se nourrit des forces vitales des autres êtres dans le but de favoriser sa propre existence. Quant à Naqoyqatsi, c’est la prophétie la plus pessimiste : c’est la violence de la civilisation, la guerre comme un moyen de vivre et de survie, où les civilisations s’entretuent. Si vous n’avez jamais vu cette trilogie culte, il est temps.

 

AL GORE, L’ARDENT DÉFENSEUR DE LA CAUSE CLIMATIQUE

L’humanité est assise sur une bombe à retardement. Les savants du monde entier s’accordent pour dire qu’il nous reste très peu de temps pour éviter une catastrophe planétaire – un dérèglement majeur du système climatique qui entraînerait des perturbations météorologiques extrêmes, des inondations, de longues périodes de sécheresse, des vagues de chaleur meurtrières. Vice-président des Etats-Unis sous Clinton et candidat malheureux aux élections de 2000, Al Gore s’est par la suite reconverti en ardent défenseur de la cause climatique, sillonnant la planète pour donner des conférences sur le sujet… Et pour énoncer une vérité qui dérange. Un second opus, baptiséUne suite qui dérange, sortira sur les écrans le 1er novembre prochain.

 

LES RAVAGES DES MATIÈRES POLYSTYRÈNES

Commode et bon marché, le plastique semble être devenu incontournable dans notre vie quotidienne. Tous les secteurs de l’industrie mondiale dépendent aujourd’hui, d’une manière ou d’une autre, du plastique. Il est présent partout (emballages, matériaux de construction, électronique, vêtements…). Pourtant, comme le montre le documentaire Plastic Planet, le plastique est devenu un danger global, tant pour l’homme que pour la planète, symbole de sur-consommation et de pollution à grande échelle. Vous saviez que le plastique va jusqu’à contaminer les mers du Groënland et former d’immenses bancs synthétiques dans l’Océan Pacifique ? 260 millions de tonnes de plastique sont produites chaque année dans le monde. A côté de ça, 675 tonnes d’ordures sont jetées chaque heure dans les mers, dont la moitié est constituée de matières plastiques. Or, on ne recycle qu’1% des 14 millions de tonnes annuelles de matières polystyrènes…

 

LE CAUCHEMAR DE LA MONDIALISATION ET LE PILLAGE DE L’AFRIQUE

En Tanzanie, dans les années 60, la Perche du Nil, un prédateur vorace, fut introduite dans le lac Victoria à titre d’expérience scientifique. Depuis, pratiquement toutes les populations de poissons indigènes ont été décimées… Le moins que l’on puisse dire, c’est que le tableau dressé dans l’extraordinaire Cauchemar de Darwin est proprement apocalyptique. Avec la vigueur d’un uppercut, le réalisateur nous entraîne dans une hallucinante descente aux enfers, celle du libéralisme dans ce qu’il a de plus pervers, dans lequel quelques individus s’enrichissent à la fois par un échange inégal qui affame la population et par des ventes d’armes qui alimentent les conflits de la région. Documentaire aux allures de polar d’une noirceur abyssale, le film d’Hubert Sauper est à la fois sublime et atroce dans ce qu’il montre. Car c’est le capitalisme le plus sauvage qui a gagné, dans le sens le plus darwinien du terme.

 

S’INTERROGER SUR LE SENS DU PROGRÈS : LE SYNDRÔME DU TITANIC

 » Ce film est davantage un appel à la raison et un acte politique qu’un documentaire sur la crise écologique » expliquait en 2007 Nicolas Hulot, auteur de ce documentaire. Et de préciser le sens du titre du film : « Il évoque bien sûr l’attitude des passagers du célèbre paquebot qui continuaient à danser et à festoyer sans réaliser la proximité avec l’iceberg fatal. Autrement dit, si nous ne changeons pas de direction, nous courrons à la catastrophe. Je dirais même que le scepticisme résiduel que j’observe encore chez certains à l’égard du changement climatique, revient à naviguer avec un bandeau sur les yeux par temps de brouillard à fond les manettes dans une mer parsemée d’icebergs… Le paquebot sur lequel nous sommes tous embarqués, c’est la planète Terre. Et nous n’en avons qu’une. »

 

LA TERRE VUE DU CIEL

Réalisé par Yann Arthus Bertrand dont la réputation et l’engagement écologiste n’est plus à démontrer, et produit par Luc BessonHome est sorti simultanément dans plus de 50 pays en 2009. Composé de prises de vue aériennes, Home se veut avant tout une déclaration d’amour inconditionnel à notre planète, que l’homme ne cesse pourtant de maltraiter et de ravager. Yann Arthus-Bertrand a eu l’idée de réaliser ce film en constatant, lors de la projection d’Une vérité qui dérange de Davis Guggenheim à l’Assemblée Nationale, à quel point le cinéma pouvait être une énorme caisse de résonance, « plus encore qu’une émission de télévision ». « J’ai vu à quel point les spectateurs étaient émus, parfois jusqu’aux larmes, poursuit le réalisateur, et je me suis dit que le long métrage était un excellent moyen de toucher les gens. Cela m’a aussi paru un cheminement naturel après la photographie et les émissions télé. Je m’étais aperçu qu’en photographiant la Terre, je parlais de l’homme, et c’est cette même logique que l’on retrouve au cinéma. »

 

LEONARDO DICAPRIO, STAR ET CITOYEN ENGAGÉ

Très engagé sur les questions écologiques et environnementales, le comédien soutient, produit et participe, quelques années après un premier documentaire remarqué (La 11e heure, le dernier virage), à une production National Geographic majeure, baptisée Avant le déluge.  Dévoilé avant l’élection présidentielle américaine, le documentaire visait à avertir les citoyens et à les inviter à voter pour des dirigeants qui font du climat une priorité, tout en proposant des solutions réalisables et pratiques pour sauver la planète. Le film décrit ainsi la façon dont la société peut empêcher la disparition des espèces en voie d’extinction, d’écosystèmes et de communautés autochtones à travers le monde, et dévoile parallèlement des preuves visuelles de l’aggravation de la crise environnementale.

 

AMOUREUX DE LA TERRE

Documentaire sorti en 2010 et signé Coline Serreau, militante écologiste de longue date, Solutions locales pour un désordre global apporte une vraie bouffée d’air frais. « Les films d’alertes et catastrophistes ont été tournés, ils ont eu leur utilité, mais maintenant il faut montrer qu’il existe des solutions, faire entendre les réflexions des paysans, des philosophes et économistes qui, tout en expliquant pourquoi notre modèle de société s’est embourbé dans la crise écologique, financière et politique que nous connaissons, inventent et expérimentent des alternatives. » Un beau documentaire, porté par une galerie de personnages amoureux de la terre tour à tour drôles, touchants, combatifs et inspirés.

 

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