Levothyrox : «Faire cesser l’utilisation de ce médicament»

Nell Gaudry, coprésidente de l’Association française des malades de la thyroïde, a saisi l’Agence nationale de sécurité du médicament et pense même interpeller l’OMS.

LP/JEAN NICHOLAS GUILLO

 

 

Nell Gaudry, coprésidente de l’association française des malades de la thyroïde, qui saisit l’ANSM.

Autour de son couune clé de sol rappelle son passé de choriste. Nell Gaudry était soprano jusqu’à ce que son cancer de la thyroïde n’éraille, en 2008, sa jolie voix. Il en reste assez à l’énergique septuagénaire pour dénoncer ce qu’elle appelle « un scandale sanitaire d’ampleur ». Ce sont les nombreux mails d’utilisateurs du Levothyrox reçus et classés dans l’appartement parisien dans lequel elle nous a accueillis lundi qui ont poussé l’Association française des malades de la thyroïde (AFMT), dont elle est coprésidente, à saisir l’ANSM, le gendarme du médicament.

 

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Qu’attendez-vous des autorités ?

Nell Gaudry. Qu’elles fassent cesser, sans attendre, l’utilisation de la nouvelle formule du Levothyrox ! Notre association a écrit à l’ANSM pour lui dire à quel point elle était scandalisée par l’ampleur du problème et le peu de réponse de sa part. Entre le fipronil (NDLR : l’insecticide qui a été retrouvé dans des oeufs)et le Levothyrox, l’été aura été ponctué de scandales sanitaires dont on a le sentiment qu’ils sont minimisés. Les appels que nous recevons, les mails et courriers qui nous parviennent sont pourtant graves. Les utilisateurs de la nouvelle formule évoquent des troubles visuels, de la mémoire, des fatigues intenses, des maux de tête handicapants… En clair, vous avez des personnes malades, qui le sont encore plus à cause de leur médicament ! Tout cela à cause de mesures d’économie.

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Qu’entendez-vous par « mesures d’économie » ?

Nous nous interrogeons légitimement : si l’ANSM et le laboratoire s’entêtent à conserver une formule décriée pour ses effets indésirables, est-ce parce que sa fabrication revient moins cher ? Nous ne voyons aujourd’hui pas d’autre explication plausible.

 

Un des principaux changements est le remplacement du lactose — connu pour ses effets notoires — par un autre excipient…

Je fais partie de l’association depuis 2008 et je n’ai jamais, jamais rien entendu concernant le lactose. Entre le 7 juin et le 17 août de cette année, nous avons en revanche reçu près de 100 interpellations pour des dépressions, des crampes affreuses, des personnes ne pouvant plus se lever, avec des taux de TSH (NDLR : l’hormone qui stimule la thyroïde) qui ont bondi…

 

Vous êtes sous Levothyrox. Avez-vous ressenti les effets de la nouvelle formule ?

J’entame là ma dernière boîte de l’ancienne formule. En septembre, il faudra que je renouvelle mon ordonnance. Je ne prendrai pas la nouvelle formule. Je demanderai du L-Thyroxine, un traitement par gouttes, plus contraignant mais sans les nouveaux excipients. On m’a enlevé 64 ganglions, dont 21 métastasés. C’est un miracle d’être encore là, alors je ne servirai pas de cobaye sur ce médicament. Et nous n’en resterons pas là, avec l’association.

 

C’est-à-dire ?

Nous avons lancé un appel de détresse à l’ANSM, nous réfléchissons à interpeller l’Organisation mondiale de la santé (OMS). S’il le faut, nous irons manifester devant l’Assemblée nationale.

  Le Parisien

Propos recueillis par Fl.M.|23 août 2017, 7h02 | MAJ : 23 août 2017, 7h29

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