Le Lévothyrox, médicament utilisé par les personnes atteintes de troubles de thyroïde, continue de faire polémique depuis la mise sur le marché de sa reformulation en mars dernier. Cette dernière est en effet accusée par des milliers de patients de provoquer des effets secondaires parfois très gênants.

Un rassemblement devant l’Assemblée Nationale est ainsi organisé ce vendredi 8 septembre 2017.

Des victimes décidées à se faire entendre

« Un petit rassemblement de victimes est prévu. Celles-ci vont être représentées par des membres de l’association française des malades de la thyroïde (AFMT) et de Sylvie Robache, l’auteure de la pétition ‘Contre le nouveau Levothyrox dangereux pour les patients !’. Le but est d’alerter les parlementaires », nous explique Sébastien Barles, militant écologiste et cofondateur de l’association Vigilobb*.

Une conférence de presse se tiendra par la suite au Bureau du Parlement européen.

Seront présents (ou attendus), des professionnels de santé, mais aussi des personnalités politiques issues de différents partis, à l’instar de Michèle Rivasi (députée européenne écologiste), Claude Malhuret (sénateur Les Républicains) ou encore François Ruffin (député La France Insoumise).

« Une lettre de soutien écrite par Annie Duperey sera également lue », précise Sébastien Barles. En effet, l’actrice, personnellement touchée par les effets secondaires de la nouvelle formule, souhaite soutenir les actions de l’AFMT par cette missive adressée à Agnès Buzyn, ministre de la Santé.

Récupérer des stocks de l’ancienne formule comme « mesure d’urgence »

« Nous souhaitons, comme l’ont fait les Pays Bas, le retrait de la nouvelle formule. Et par mesure d’urgence, nous voudrions pouvoir racheter des stocks de l’ancienne formule pour les personnes qui souffrent actuellement d’effets secondaires. »

Patients et associations de victimes exigent qu’une analyse sur la nouvelle formule soit menée « afin de voir d’où vient vraiment le problème ».
« Les crises sanitaires se succèdent et elles sont toujours traitées de la même façon. La souffrance des victimes n’est rien pour eux », déplore le militant écologiste. « Fin mai, nous avons été alerté par des patientes et avons écrit à l’ANSM, mais nous n’avons pas eu de réponses de leur part. Fin juillet, elle disait ne toujours pas être au courant du problème. Les choses ont seulement commencé à bouger quand les médias se sont emparés de l’affaire », ajoute-t-il.

Si cette journée d’action n’atteint pas le succès et les résultats escomptés, Sébastien Barles nous informe que d’autres recours seront entrepris « après concertation avec un pôle d’avocats ». Néanmoins selon lui, « une action collective serait trop longue à mettre en place. »

« Aujourd’hui, il faut réagir dans l’urgence et nous espérons que cette journée puisse tout débloquer », conclut-il.

Une plainte officiellement déposée par une patiente

Depuis plusieurs mois, de nombreuses patients accusent le Lévothyrox de provoquer chez eux des effets secondaires contraignants.

Selon eux, une nouvelle formulation, mise sur le marché en mars dernier à la demande de l’ANSM pour des problèmes de stabilité du produit, serait responsable de leurs maux. Le lactose, excipient à effet notoire, a en effet été remplacé par du mannitol et de l’acide citrique, alors que la lévothyroxine, son principe actif, reste le même.

Devant un afflux de signalements, l’ANSM, qui estime à ce jour que le médicament ne comporte aucun problème de sécurité, a lancé une enquête actuellement en cours et dont les résultats sont attendus en octobre prochain.

Mais une première plainte, déposée le 29 août 2017 selon les informations de l’Agence France Presse (AFP) par une victime des effets secondaires de la nouvelle formulation, pourrait donner un coup d’accélérateur à celle-ci.

Anne-Catherine Colin-Chauley, une avocate de 58 ans accuse en effet le laboratoire Merck, fabricant du médicament incriminé, de « mise en danger de la vie d’autrui ». Elle précise dans sa plainte qu' »Il y a bien une négligence fautive du laboratoire Merck et une faute de celui qui a ordonné le changement de la molécule sans indiquer les conséquences possibles de ce changement. »

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