Levothyrox : une association réclame l’importation de l’ancienne formule

Paris, le lundi 11 septembre 2017 – Malgré la nécessaire organisation des secours au lendemain du passage de l’ouragan Irma dans les Antilles françaises, le ministre de la Santé, a comme elle l’a elle-même fait remarquer ce matin à l’antenne de RTL, pris le temps de rencontrer les associations de patients malades de la thyroïde pour répondre à leurs inquiétudes concernant le changement de formulation du Levothyrox.

Une période de transition

Il s’agit notamment de rassurer ces patients en combattant l’idée de plus en plus répandue (et nourrie par l’intervention de personnalités qui souvent abondent dans l’idée de « tractations occultes ») de l’existence d’une quelconque machination aux dépens des patients. « Il n’y a pas de fraude, de complot, il n’y a pas d’erreur » a ainsi martelé ce matin Agnès Buzyn sur RTL. Elle a également indiqué que les centres de pharmacovigilance avaient reçu par différents biais 9 000 signalements, qui doivent encore être tous analysés pour déterminer dans quelle mesure la nouvelle formule du Levothyrox peut être systématiquement incriminée.  Par ailleurs, ce chiffre n’est pas spectaculaire, quand on sait que le Levothyrox est aujourd’hui prescrit à 3 millions de personnes. Le ministre a rappelé que les troubles rapportés concernaient très probablement le plus fréquemment les patients pour lesquels l’équilibre thyroïdien est le plus difficile à stabiliser (c’est par exemple le cas des personnes atteintes de thyroïdite de Hashimoto). Dans quelques semaines, lorsque les bons dosages auront été retrouvés, la situation devrait rentrer dans l’ordre selon le ministre.

Vers un marché parallèle ?

Ces paroles ne devraient pas suffire à apaiser une des trois organisations de patients, l’Association française des malades de la thyroïde (AFMT) qui se montre la plus combattive. Après avoir refusé de participer au premier rendez-vous programmé par le ministère en début de semaine, elle a organisé un rassemblement devant ses fenêtres vendredi, avant d’être reçue dans la soirée. Chantal L’Hoire, présidente de l’AFMT aurait obtenu la promesse d’un déblocage de stocks de l’ancienne formule, importés d’Allemagne et de Belgique. Mais non seulement cette information n’a pas été reprise ce matin par le ministre, mais en outre l’association se montre déçue des délais imposés. Le ministère souhaiterait en effet disposer de deux à quatre semaines pour effectuer les contrôles nécessaires, quand l’AFMT demande une mise à disposition plus rapide, pour éviter que les patients ne se tournent vers un marché parallèle.

Conséquences à long terme

Au-delà de ces revendications, l’AFMT, qui compte dans ses rangs l’ancien juge d’instruction Marie-Odile Bertella-Geoffroy, prépare une action judiciaire. « Nous allons mettre en cause dans cette plainte contre X les autorités sanitaires et le labo » a ainsi expliqué l’ancien magistrat, qui envisage un dépôt dès cette semaine d’une action pour « mise en danger de la vie d’autrui, atteinte à l’intégrité physique, non-assistance à personne en danger ». La fin de non-recevoir qui a sanctionné plusieurs des affaires instruites par Marie-Odile Bertella-Geoffroy ne semble pas l’avoir dissuadée de mener ce nouveau front, en dépit des preuves très restreintes d’une quelconque fraude ou même faute. Bien plus modérée dans son approche, mais néanmoins à l’écoute des patients en détresse, Beate Bartès présidente de l’association Vivre sans thyroïde nous confie de son côté redouter que cette crise laisse « des traces pour longtemps » et n’ait érodé durablement la confiance des patients.

Aurélie Haroche

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