Lettre ouverte et courageuse d’un ancien chef de clinique

Chère Madame, cher Monsieur,

Je vous envoie – avec son accord – copie du  certificat établi par mon mari à la demande du Conseil de l’Ordre des Médecins.

 Il a été chirurgien pendant 40 ans, puis écrivain pendant 20 ans et a écrit de nombreux ouvrages publiés aux éditions Fayard et en Livre de Poche,  sur fond d’histoire de la médecine et de faits de société.

Il est outré par la détestable façon dont est gérée la « crise du lévothyrox »  et espère que son témoignage pourra être de quelque utilité aux nombreux malades qui ont rencontré, comme moi, de nombreux problèmes thyroïdiens depuis le printemps  dernier.

Cordialement

Michèle Schlogel

 

                                                 Aix-en-Provence, le 10 novembre 2017

Je soussigné, Dr Gilbert Schlogel, ancien interne des hôpitaux de Paris et ancien assistant à la Faculté, praticien en retraite, certifie que, depuis plus de vingt ans, mon épouse Michèle Schlogel est suivie pour une thyroïdite de Hashimoto. Je précise que ce certificat est justifié par le fait que  je suis administrativement son médecin traitant.

J’ai donc pu constater personnellement les affres de ce que la presse appelle « l’affaire du Lévothyrox » et suis en mesure d’en faire un compte-rendu vécu, précis et , donc, véridique.

Au cours de ces dernières années mon épouse avait atteint, après quelques tâtonnements, un serein équilibre thérapeutique avec une dose journalière de 112,5 μ de Lévothyrox, sous la surveillance régulière de son endocrinologue.

Mais, sans que rien ne l’explique, son état de santé s’est soudain dégradé au printemps dernier : crampes musculaires nocturnes insupportables, céphalées, gastralgies, fatigabilité et perte de cheveux. Je lui ai donc proposé, le 13 mai,  de faire faire une prise de sang. Le résultat afficha des chiffres normaux. En particulier, le bilan thyroïdien ne montrait aucune modification par rapport à l’état antérieur.

Pourtant, au cours de l’été, elle s’est sentie de plus en plus mal. Inquiet, j’ai prescrit un nouveau bilan sanguin le 23 août avec, cette fois, un dosage des marqueurs cellulaires. Ne s’agissait-il pas d’un cancer méconnu ? Encore une fois, les résultats s’avérèrent rassurants.

La situation devenait franchement incompréhensible lorsque la presse nous révéla soudain l’origine de cette salve de malaises. L’affaire du Lévothyrox venait d’éclater, portée par les protestations des milliers de patients malades de la thyroïde. L’explication était simple : ils ne supportaient pas les modifications apportées à la formule du médicament dont ils ont un indispensable besoin quotidien.

Modifications que personne n’avait annoncées : Mannitol et acide citrique, en lieu et place du lactose censé nuire au délai de conservation du médicament, une « amélioration »… souhaitée par  l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament qui se garda bien de prévenir les trois millions de consommateurs !

Heureusement, l’ancienne formule du Lévothyrox continuant à être commercialisée dans les autres pays européens, une de nos amies voyageuses a pu nous rapporter d’Espagne quelques boîtes d’Euthyrox, médicament qui a fait disparaître, en quelques jours seulement, les détestables symptômes subis par mon épouse qui a retrouvé l’équilibre hormonal auquel elle est habituée.

Ce certificat a été établi à la demande du Conseil national de l’Ordre des Médecins, pour témoigner de la réalité des troubles provoqués par le changement de formule chimique de l’unique médicament français destiné à rééquilibrer les insuffisances thyroïdiennes.

J’espère vivement qu’il servira aussi à lutter contre les a priori de tous les bavards méprisants et,  hélas souvent incompétents,  qui ont osé affirmer que les victimes du nouveau médicament étaient atteints de « troubles psychiques ». Le psychisme ! Que ne lui attribue-t-on pas, depuis tant d’années ? L’ulcère gastro-duodénal ne trouvait-il pas là sa cause principale avant la découverte du rôle de « l’ hélicobacter pylori » ? Et on connaît l’histoire de cet interne de garde qui accueillit son patron féru de psychologie en lui annonçant, un matin : «Monsieur,  la simulatrice est morte cette nuit ».

                                                             Gilbert Schlogel

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