Absolu ou relatif : il faut choisir

Imaginons un médicament qui procure des effets indésirables à 5% des personnes qui le prennent. Imaginons que ce médicament diminue de 20% le risque à venir d’une maladie qui atteint 5% des personnes de plus de 60 ans.

En matière de risque sanitaire, il y a toujours deux façons de présenter les faits : la façon absolue et la façon relative.

Pour un effet secondaire désagréable, on parle de façon absolue : ce médicament provoque des incidents chez cinq patients sur cent. Dans ce cas précis, il est impossible de parler de manière relative, car le risque relatif d’incident augmente de façon infinie en passant de 0% à 5%. (Si un incident quelconque passait de 1% à 5%, son risque augmenterait relativement de 400% !).

Inversement, pour les effets bénéfiques, on préfère la façon relative, on ne dit pas que la maladie concernera 4% des personnes au lieu de 5%, on préfère dire que le risque de maladie diminue de 20%, ce qui est tout aussi vrai et beaucoup plus sympathique.

Continuons le raisonnement en prenant un échantillon de 1000 personnes saines auxquelles on donne ce médicament préventif d’une maladie potentielle. Il y en aura ainsi 40 qui feront la maladie au lieu de 50. Il faut donc traiter 100 personnes pour aider un patient.

Sur les milles personnes traitées, 50 auront des effets indésirables.

Il est tout de même beaucoup plus séduisant de dire que ce médicament diminue de 20% le risque d’une maladie et ne provoque que 5% d’effets indésirables que de dire qu’il faut nuire à 50 personnes pour en aider 10.

Imaginez enfin que l’effet indésirable soit grave et que la maladie soit simplement différée de quelques années, et non pas éliminée – ce qui après 60 ans est plutôt la règle – ; on aurait alors presque tous les ingrédients d’un scandale sanitaire, bien que l’on ait fourni que des chiffres exacts.

Avec les pourcentages, exact n’est synonyme d’honnête ; surtout lorsque l’on s’adresse au grand public avec des thèmes où l’émotion et l’affect perturbent la lucidité mathématique. Absolu ou relatif, il faut choisir. Mélanger les deux est une duperie.

Si l’effet indésirable n’était qu’une petite tache sur le bout d’un orteil et que la maladie concernée soit une mort subite, la confusion entre absolu et relatif serait moins grave, mais ce serait tout de même une tricherie.

Ah, les chiffres !

Référence

Plus de 10 000 morts par an liées à un mauvais usage des médicaments

Au moins la moitié de ces morts sont évitables, affirme un groupe de professionnels de la santé dans un communiqué diffusé jeudi.

Le Monde.fr avec AFP |  • Mis à jour le 

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image: http://img.lemde.fr/2005/09/15/0/0/2000/1312/534/0/60/0/ill_689240_sante-social-medicaments-58.jpgPlus de 10 000 personnes succombent chaque année en France à une mauvaise utilisation de médicaments.

Plus de 10 000 personnes succombent chaque année en France à une mauvaise utilisation de médicaments. Au moins la moitié de ces morts sont évitables, affirme un groupe de professionnels de la santé.

« Mauvais dosage, mauvaise prise, non-respect du traitement prescrit, interaction entre plusieurs médicaments… les causes d’un accident lié à un médicament sont diverses et les conséquences, loin d’être anodines », écrit le « Collectif Bon Usage du médicament » dans un communiqué diffusé jeudi 22 mars.

Cette organisation regroupe de multiples acteurs des professions médicales, paramédicales et pharmaceutiques, de l’industrie pharmaceutique, de l’assurance complémentaire santé et des systèmes d’information liés à la santé.

La France, « mauvais élève européen »

Les mésusages du médicament sont responsables de trois fois plus de morts chaque année que les accidents de la route, déplore le collectif. D’autant que s’ajoutent à ces décès « plus de 130 000 hospitalisations », qui durent en moyenne une dizaine de jours.

« Les signes d’alerte sont très banals : une fatigue excessive, une diminution de l’appétit, une perte de poids, des vertiges, un malaise, des troubles de l’équilibre, une chute, des pertes de mémoire, des troubles digestifs ou urinaires, des palpitations, des troubles de la vision. »

Un rapport d’experts, remis au ministère de la santé en 2013, soulignait une importante, voire excessive, consommation de médicaments en France, faisant du pays un « mauvais élève européen ».

 Lire aussi :   En France, l’inquiétant trafic des « faux » médicaments

Les patients les plus à risque sont les personnes âgées. Entre 75 et 84 ans, elles prennent en effet quatre produits différents, en moyenne. Le collectif s’est félicité d’avoir fait baisser leur consommation ces dernières années, en visant par des campagnes d’information les séniors et des professionnels qui les accompagnent.

Un colloque sur le sujet est organisé à Paris jeudi après-midi, en présence de la ministre de la santé, Agnès Buzyn.


En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/sante/article/2018/03/22/plus-de-10-000-morts-par-an-liees-a-mauvais-usage-des-medicaments_5274559_1651302.html#ws4dE7OUwRH4oThM.99

 

 

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