La discrète omniprésence des laboratoires pharmaceutiques

SANTÉ

Sur le marché hyper rentable mais fortement concurrentiel du médicament, l’industrie pharmaceutique travaille dans l’ombre afin d’influencer médecins et décideurs publics.

Le marché du médicament se trouve en excellente santé. En 2015 et à nouveau en 2016, il a été classé comme le secteur le plus rentable aux Etats-Unis par le magazine Forbes, devant la finance. Selon un récent rapport de Xerfi1, le chiffre d’affaires total du médicament dans le monde était de 1 104 milliards de dollars en 2016, en augmentation de 93 % depuis 2005. Ce marché ne cesse de progresser sous l’effet conjugué d’une demande croissante des pays émergents et d’une hausse des ventes dans les pays développés avec l’arrivée de nouvelles thérapies. La France, quant à elle, est le cinquième pays au monde où se vendent le plus de médicaments. Côté production, l’industrie pharmaceutique française est la troisième en Europe et elle réalise la moitié de son chiffre d’affaires à l’exportation.

Un marché en mutation

Malgré ce tableau apparemment idyllique, les labos sont confrontés à de profondes transformations de leur marché. Le pic de la « falaise des brevets » est passé, la plupart de ceux des principaux blockbusters* étant tombés dans le domaine public. Ces médicaments phare sont désormais concurrencés par les génériques. Par ailleurs, les évolutions technologiques précipitent l’épuisement de la pharmacie traditionnelle, fondée sur la chimie et sur la fabrication de masse de médicaments. Désormais, c’est une pharmacie du vivant, génique et/ou numérique, qui se construit sur la promesse de traitements toujours plus personnalisés.

A LIRE ALTERNATIVES ECONOMIQUES N°375 – 01/2018

Les industriels investissent dorénavant dans des spécialités de niche, comme celles du cancer ou des maladies rares, dont les traitements sont vendus à des prix très élevés tout en nécessitant peu de budget promotionnel, générant ainsi une forte rentabilité. Cette logique de prix exponentiels se heurte cependant aux contraintes budgétaires publiques et à la méfiance croissante de l’opinion publique vis-à-vis des « big pharma ».

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