Changée sans concertation, la nouvelle formule du Lévothyrox a impacté la vie de nombreux patients.
Changée sans concertation, la nouvelle formule du Lévothyrox a impacté la vie de nombreux patients.
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Interpellée par des habitants de sa circonscription, la députée Delphine Batho fait venir à Reffannes demain le Dr Gérard Bapt pour parler du Lévothyrox.

L’épisode du Lévothyrox est-il un nouveau scandale sanitaire ? Les causes des effets secondaires de la nouvelle formule de ce médicament pour les malades de la thyroïde sont-elles connues ? Les autorités françaises sanitaires ont-elles été défaillantes ?… Autant de questions qui seront débattues ce vendredi à Reffannes en présence du docteur Gérard Bapt, invité par la députée deux-sévrienne Delphine Batho (récente adhérente Génération Ecologie, pressentie pour prendre la direction du mouvement dans quelques semaines).
Pour rappel, le laboratoire allemand Merck a modifié en mars 2017 la composition de son médicament, le Lévothyrox. Dans les mois qui ont suivi, des centaines d’utilisateurs ont dénoncé de très nombreux effets secondaires…
Vous parlez de « scandale sanitaire ». Pourquoi ?Gérard Bapt. « Quand on a un nombre sans précédent de déclarations d’effets indésirables à partir d’un médicament, quand des patients sont laissés en errance diagnostic pendant des mois parce que leurs médecins eux-mêmes ne connaissent pas l’origine de ces effets indésirables, quand ces effets conduisent à la multiplication des examens complémentaires à la recherche d’infections de toutes sortes, motivant parfois même des hospitalisations en urgence, ou des consultations voire des hospitalisations en psychiatrie, quand on observe, ce qui nous arrive de plus en plus désormais, des récidives cancéreuses… on se dit qu’il fallait prendre des précautions et que ces précautions n’ont, de toute évidence, pas été prises. »
Qui aurait dû prendre ces précautions ?« Le laboratoire et l’Agence nationale de sécurité du médicament. En mars 2017, l’autorisation de mise sur le marché de l’ancienne formule – qui donnait satisfaction – a été retirée et a été remplacée par la nouvelle, ce alors que le laboratoire était en situation de monopole sur le marché français (seul le Lévothyrox de Merck permet d’accéder à la thyroxine de synthèse). Faire cela sans précaution ni consultation… je ne sais pas comment le qualifier… parce que c’est inqualifiable… »
Que vous inspire cette nouvelle affaire sanitaire ?« Elle met en échec les réformes faites sous le ministère de Xavier Bertrand après le scandale du Médiator. Xavier Bertrand avait dit que, désormais, l’intérêt du patient devrait passer avant l’intérêt de la firme : pour cela, on a instauré la notion de transparence, la gestion des liens d’intérêt (pour écarter les experts ayant des liens personnels avec les laboratoires), la notion de démocratie sanitaire (pour associer les patients et leurs associations à la meilleure conduite possible du traitement)… Dans le cas présent, je constate à regret que l’intérêt du patient est passé après celui de la firme… C’est très triste. »
Les pouvoirs publics sont-ils à la hauteur des enjeux ?« Je constate qu’au parlement, jusqu’à présent, aucun élu ne s’est intéressé au dossier, à part un député communiste du Nord, Fabien Roussel, qui a écrit à la ministre, et François Ruffin. Quelques députés LR s’en sont souciés aussi… avant d’abandonner en cours de route. De son côté, le gouvernement fait le dos rond en espérant que ça passera… sauf que ça ne passe pas. J’espère évidemment que Delphine Batho va maintenant prendre l’étendard »
Qu’attendez-vous maintenant ?« Je viens d’alerter le cabinet de la ministre Agnès Buzyn et le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, sur cette question des récidives cancéreuses qu’on voit arriver maintenant. J’espère qu’avec ces nouveaux éléments, ils vont changer d’attitude. »
Réunion d’information publique, « Lévothyrox : un scandale sanitaire ? », par Delphine Batho avec Gérard Bapt vendredi 22 juin à 18 h 30 à la salle polyvalente de Reffannes, entrée libre.