1. Les prix des médicaments baisseront

Mettre fin au monopole des pharmacies est une idée qui avait déjà été formulée en 2013 par l’Autorité de la concurrence. Elle relayait en fait le souhait d’une directive européenne, visant à libéraliser la vente des médicaments. Le but ? Une baisse des prix. Les supermarchés, de leur côté, sont “prêts”, comme le dit Michel-Edouard Leclerc, le patron du réseau éponyme. Selon une étude interne à l’entreprise, la santé serait “l’une des trois grandes attentes” des consommateurs. “Il n’y a pas de raisons que le consommateur ne puisse pas acheter moins cher ses produits de santé alors qu’il est de moins en moins remboursé”, dit-il. D’autant que les prix des médicaments en France ne cessent d’augmenter. Depuis un an, les prix de douze des spécialités non remboursées parmi les plus vendues en France ont augmenté de 4,3%, selon l’Observatoire du médicament. Dans le même temps et depuis dix ans, le nombre de déremboursements a explosé, entraînant au passage une augmentation des prix, selon l’Observatoire du médicament cité par Capital. Il se trouve que les médicaments remboursés par la Sécu voient leur prix fixés par l’État, alors que le prix des autres dépendent du pharmacien. Ainsi, vendre des médicaments en grande surface ou en ligne alignerait les prix de toute la concurrence, pour tout le pays.

2. Oui, si c’est encadré par des pharmaciens

La seule condition pour initier la vente de médicaments en grandes et moyennes surfaces, selon l’Autorité de la concurrence, est de recruter un diplômé en pharmacie et d’installer un corner et une caisse séparés, explique Les Echos. Car en effet, l’essor de l’automédication et le développement des ventes de médicaments sur Internet ne laissent pas vraiment le choix aux pharmaciens. Il faut “faire bouger les lignes”, assurait Bruno Lasserre, président de l’Autorité, en 2014 au Parisien. Pour lui, “il n’est pas question de permettre la vente de ces médicaments sans la présence d’un diplômé en pharmacie”, pour ne pas mettre en danger la santé des patients. En supermarché donc, les médicaments non remboursés devront être vendus sous le contrôle d’un professionnel compétent et soumis aux règles de déontologie des pharmaciens.

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1. Risque de perte d’indépendance des pharmaciens

Les pharmacies offrent plus de sécurité en matière sanitaire : “Le monopole officinal vise à protéger les patients par la sécurisation et la traçabilité des médicaments assurées par des professionnels de santé compétents et indépendants”, défend Laurent Filoche, interrogé par Sciences et Avenir. “Si je deviens salarié d’une grande surface, je ne choisis plus mes produits”, s’inquiète Patrick Zeitoun, pharmacien sur France 5. Les pharmaciens perdraient donc leur indépendance. Selon lui, les patrons de ces chaînes de supermarchés diront “si vous me vendez 50 produits de tel marque, vous aurez une prime de fin de mois”. Le pharmacien référencera un produit plutôt qu’un autre, “ce qui n’est pas notre façon de travailler”, dit-il encore. La pharmacie serait le seul moyen pour que les clients bénéficient de conseils de manière indépendante, et donc moins dangereuse.

2. Risque de dérive de l’automédication

Mettre les médicaments en vente dans les grandes surfaces serait aussi une façon de banaliser la médicamentation, selon Michel Mallaret responsable du centre de pharmacovigilance de Grenoble. Des intoxications chroniques peuvent se produire, et un risque lié à “l’interaction avec d’autres médicaments” pourrait survenir, selon le spécialiste. Il cite par exemple le Royaume-Uni, où le paracétamol est impliqué dans plusieurs cas de suicide». Même si en France ces cas sont rares, Michel Mallaret assure que “le risque est accru si le médicament est facile d’accès”. Par exemple,la Suède a suspendu en 2015 la vente en grandes surfaces après avoir constaté une augmentation de 40% en quatre ans des cas d’intoxication liés à une trop grande consommation de ce médicament, rappelle la FSPF. Le monopole officinal sur les médicaments, permet aussi “à notre pays de sécuriser leur dispensation et d’agir efficacement contre la contrefaçon, tout en garantissant l’accès de nos concitoyens aux médicaments sur l’ensemble du territoire”, indiquait Marisol Touraine en 2013, quand elle était encore ministre de la Justice. Car en effet, le monopole des pharmacies vise aussi à renforcer la sécurisation et la traçabilité des médicaments assurées par des professionnels de santé “compétents et indépendants”.