Sperme dégradé, puberté précoce : une agence sanitaire pointe des causes environnementales

Une manipulation dans un Centre d\'étude et de conservation des œufs et du sperme (Cecos) du CHRU de Lille (Nord), le 17 décembre 2015. 
Une manipulation dans un Centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme (Cecos) du CHRU de Lille (Nord), le 17 décembre 2015.  (MAXPPP)

Les chercheurs de Santé publique France publient un état des lieux sur cet « indicateur global de santé publique » qu’est le sperme.

La dégradation de la qualité du sperme et les cas de puberté précoce ont probablement des causes environnementales, mais elles sont difficiles à démêler. C’est ce qu’explique, mardi 3 juillet, l’agence Santé publique France dans son Bulletin épidémiologique hebdomadaire sur cet « indicateur global de santé publique » qu’est le sperme.

La tendance est inquiétante. Entre 1989 et 2005, sa concentration en spermatozoïdes a chuté de près d’un tiers (-32,2%), soit près de 2% par an, d’après des mesures réalisées sur près de 27 000 hommes. « Il est possible que cette baisse ait débuté dans les années 1970, si l’on prend en compte une étude précédente réalisée en région parisienne de 1973 à 1992 », ont de plus souligné les chercheurs.

Ce phénomène n’est pas propre à la France. Les auteurs citent une étude de 2017 qui évalue cette baisse à « 1,4% par an » en moyenne « dans les pays occidentaux (Amérique du Nord, Europe, Australie et Nouvelle-Zélande) ».

Des causes multiples

« Diverses hypothèses causales peuvent être évoquées, notamment les expositions aux PE » (perturbateurs endocriniens), avancent les auteurs. « D’autres causes sont possibles ou peuvent être imbriquées avec les précédentes, comme le tabagisme chez les femmes enceintes (…), des facteurs nutritionnels ou métaboliques, la pollution atmosphérique ou des modifications de mode de vie (sédentarité, stress, chaleur, sommeil) », ajoutent-ils.

Parallèlement, les cas de cancers des testicules, qui se déclarent le plus souvent chez des patients âgés de 20 à 40 ans, progressent. De 1998 à 2014, l’incidence de la maladie a augmenté de 1,5% par an. Cette hausse « dans les populations d’origine nord-européenne depuis plusieurs décennies est un fait connu et encore inexpliqué », soulignent les chercheurs.

Les filles dix fois plus touchées par la puberté précoce

Les cas de puberté précoce commencent seulement à être recensés, en prenant en compte le nombre d’enfants traités. Se manifestant par des « signes de puberté avant l’âge de 8 ans chez les filles et de 9 ans chez les garçons », cette puberté peut avoir de multiples conséquences néfastes pour la santé physique et mentale. Elle touche dix fois plus souvent les filles que les garçons. Et les différences sont marquées entre les régions, avec deux endroits particulièrement concernés : l’ancienne région Midi-Pyrénées et le département du Rhône, avec des incidences plusieurs fois supérieures à la moyenne nationale.

« La puberté précoce peut être liée à des facteurs génétiques spécifiques, et des facteurs ethniques/populationnels pourraient aussi jouer un rôle », estime l’agence sanitaire française.

Mais « le rôle d’une exposition environnementale à des substances potentiellement perturbatrices endocriniennes et pouvant être d’origine anthropique [liée à l’intervention des humains] est à prendre en considération, sans exclure des facteurs environnementaux non encore identifiés« , d’après les chercheurs.

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