Les infections nosocomiales graves ne cessent d’augmenter
Plus de 23 000 signalements externes d’infections contractées au cours d’un séjour dans un établissement de soins ont été enregistrés depuis 2001, indique le BEH.
Par Anne Jeanblanc
Le signalement externe des infections nosocomiales est un dispositif réglementaire d’alerte qui a été mis en place en France en 2001 pour détecter les épisodes d’infections nosocomiales rares et/ou graves justifiant des mesures de contrôle à l’échelon local, régional, voire national. La nécessité de les déclarer est laissée à l’appréciation de l’équipe d’hygiène et du responsable des signalements de l’établissement de santé, bien qu’elle soit orientée selon certains critères de rareté ou de gravité définis réglementairement, précisent les auteurs. Et la déclaration est dématérialisée depuis 2012, ce qui a déjà permis à 41 % des établissements de santé français de faire état d’au moins un cas via l’application.
Les parties les plus touchées
Selon l’étude, le site anatomique le plus souvent touché est le tractus digestif (39 % des signalements), suivi des poumons (20 %) et du système urinaire (12 %). Les micro-organismes les plus fréquemment retrouvés sont certains bacilles, dont des entérobactéries résistantes aux céphalosporines de 3e génération, mais surtout des entérobactéries productrices de carbapénémases les rendant résistantes aux antibiotiques de la famille des bêta-lactamines. On peut y ajouter des entérocoques ou encore des staphylocoques dorés, ainsi que des virus. « Au total, près de la moitié des signalements concernaient une bactérie multi ou hautement résistante, de l’association des deux ou Clostridium difficile », précisent les chercheurs. Ces signalements sont en constante augmentation : leur part est passée de 2,5 % en 2001 à 66 % en 2016, et les principales responsables de cette augmentation étaient les bactéries hautement résistantes.
Pour les auteurs, la forte augmentation des signalements de bactéries multi et hautement résistantes ainsi que de Clostridium difficile « témoigne de la sensibilisation des équipes d’hygiène hospitalière pour leur contrôle » et « ces efforts doivent être poursuivis ». Par ailleurs, ils soulignent que l’élargissement du signalement des infections associées aux soins aux établissements médico-sociaux et de ville « permettra dans les prochaines années d’avoir une vision plus globale des infections associées aux soins et de la résistance aux antibiotiques, afin d’orienter les politiques de prévention à mettre en place dans ces secteurs de soins ».