Un scandale de vaccin ébranle la Chine

Par Challenges.fr le 23.07.2018 à 14h08

Pékin a exprimé sa colère face à un scandale lié à un vaccin produit par le laboratoire Changsheng Biotechnology. Les autorités sanitaires chinoises ont dit avoir découvert que Changsheng avait fabriqué de faux dossiers de production et d’inspection, et modifié de manière arbitraire des paramètres et des équipements de production.

Un scandale lié à un vaccin ébranle la Chine

Le pouvoir chinois a exprimé sa colère face à un scandale lié à un vaccin qui ébranle le secteur pharmaceutique local et fragilise ses ambitions mondiales.

DAMIR SAGOLJ

Le pouvoir chinois a exprimé sa colère face à un scandale lié à un vaccin qui ébranle le secteur pharmaceutique local et fragilise ses ambitions mondiales. Dans un communiqué publié dimanche 22 juillet soir par le gouvernement, le Premier ministre, Li Keqiang, a accusé le laboratoire Changsheng Biotechnology d’avoir franchi une ligne rouge sur le plan moral. Il a exigé des sanctions exemplaires contre les entreprises et les personnes impliquées dans ce scandale portant sur des falsifications de documents relatifs à la production d’un vaccin contre la rage. « Nous allons sévir avec détermination contre les actes illégaux et criminels qui mettent en danger la vie des personnes, punir avec détermination les hors-la-loi et critiquer avec détermination et sévérité les manquements au devoir en matière de supervision », a dit Li Keqiang.
Les autorités sanitaires chinoises ont dit avoir découvert que Changsheng avait fabriqué de faux dossiers de production et d’inspection et modifié de manière arbitraire des paramètres et des équipements de production, en « violation grave » de la loi. Ce vaccin contre la rage est administré à des bébés dès trois mois. Il ne semble avoir fait aucune victime jusqu’à présent mais les autorités sanitaires ont ordonné à Changsheng d’en arrêter la production et de rappeler le produit.

Ce scandale a aussi alimenté l’exaspération de la population alors que les affaires de ce type, dans l’alimentation et la santé, se sont multipliées depuis une dizaine d’années en Chine. Il s’agissait lundi d’un des sujets les plus discutés sur le réseau social Sina Weibo. Changsheng a présenté des excuses et prévenu que la suspension de son vaccin aurait un impact significatif sur ses finances. Il a ajouté que des agences régionales de contrôle des maladies avaient suspendu d’autres de ses vaccins.

 

Le secteur chute en Bourse

Il a aussi laissé entendre qu’il pourrait devoir se retirer de la cote en raison d’une enquête des autorités boursières chinoises sur des infractions présumées à la réglementation sur les publications financières. L’action Changsheng a chuté de 10% lundi en Bourse de Shanghai. Elle a plongé de 47% depuis que le scandale a fait surface mi-juillet. L’indice local du secteur de la santé a pour sa part perdu 4%.

Ce n’est pas la première fois que Changsheng est confronté à des problèmes de qualité. L’an dernier, il a vendu 252.600 vaccins contre la diphtérie, la coqueluche et le tétanos ne répondant pas aux normes sanitaires, ont fait savoir vendredi les autorités de la province de Jilin. Dans un éditorial, le China Daily, organe proche du pouvoir, invite le gouvernement à faire savoir à la population qu’il « punira sans pitié tout malfaiteur ».

L’agence officielle Chine nouvelle a pour sa part réclamé des sanctions sévères pour la moindre infraction, grande ou petite, constatée dans la fabrication des vaccins et un renforcement de la surveillance du secteur. Le Global Times, contrôlé par l’Etat, juge quant à lui que cette affaire « a déclenché une indignation nationale (et) pourrait poser de graves défis pour un secteur domestique qui a connu une croissance rapide ces dernières années mais aussi une série de scandales ».

(Avec Reuters)

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