Une « boîte à outils » contre les déserts

Paris, le lundi 23 juillet – Alexandre Freschi, député LREM du Lot-et-Garonne, et Philippe Vigier, député UDI de l’Eure-et-Loire, respectivement président et rapporteur de la commission d’enquête sur l’égal accès aux soins des Français ont exposé leur travaux au président de l’Assemblée nationale, François de Rugy. Ils les présentent comme « une boîte à outils mise sur le bureau de la ministre de la santé ».

Franc-tireur et partisan

Philippe Vigier, connu pour ses positions en faveur de la coercition à l’installation, a inclus trois mesures dont il est signalé qu’elles n’ont pas fait l’objet d’un accord de tous les commissionnaires. Sans surprise, ces propositions consistent à mettre en place un conventionnement sélectif dans les zones sur-denses…en se gardant bien de les définir clairement !
Philippe Vigier propose également d’augmenter de dix euros la consultation des médecins dans les zones sous-dotées et de supprimer les ARS qualifiées « d’État dans l’État ».
Le reste du rapport a fait l’unanimité parmi les députés membres.

Numerus apertus

Riche de nombreuses idées diverses, le rapport se concentre plus certainement sur la création d’un numéro unique de régulation médicale ou encore l’exonération totale des charges sociales pour les médecins qui cumulent emploi et retraite.
Concernant la formation, les parlementaires préconisent une augmentation conséquente du numerus clausus et le passage à un numerus apertus modulé selon les besoins et capacités de chaque région. De même, concernant l’internat, une régionalisation, une augmentation du nombre de postes ouverts et la création de véritables « internats ruraux » sont proposées.

Les syndicats représentatifs pas emballés…

Les syndicats représentatifs qui ont déjà réagi à ces annonces (MG France et CSMF) s’ils condamnent toute idée de contrainte à l’installation saluent l’hypothétique revalorisation de la consultation à 35€ (même s’ils souhaitent que ce tarif s’applique sur tout le territoire), l’exonération totale de charge pour les médecins en cumul emploi-retraite ou le développement des stages en médecine de ville.
L’éventuelle mise en place d’un numerus apertus étonne la CSMF qui raille Philippe Vigier, qui n’aurait  « toujours pas compris qu’il fallait dix à douze ans pour former un médecin et que toute action sur le numerus clausus actuel n’aurait un impact que dans une bonne dizaine d’années, à l’heure où la démographie médicale aura augmenté et que les problèmes d’effectifs seront résolus ».
MG France, quant à lui, se félicite, la possible  suppression des ARS.

L’UFML-S en embuscade

Pour la branche syndicale de l’Union Française pour une Médecine Libre (UFML-S), augmenter à 35 € le tarif de la consultation dans les zones sous denses correspond à la moitié du chemin à parcourir. Ainsi, le syndicat du Dr Jerôme Marty préconise : « 70 € en zone sous dense et le remboursement à 100 % des consultations pour les populations de ces territoires et 50 € doit être la consultation de base sur tout le territoire ».
D’autre part, pour l’UFML-S, « la création d’internats ruraux tient du gadget sans véritable politique de la ville et de l’aménagement du territoire et sans vraie relance tarifaire des professions médicales libérales ».
L’UFML-S n’a pas eu l’occasion d’exposer devant la commission ses réticences et ses propositions n’ayant pas été auditionnée par les députés, ce qui rend piquante la sortie de Philippe Viguier qui s’est ému de la publication par l’organisation d’une carte des endroits où ne pas s’installer. Pour l’élu, une telle méthode relève un manque de courage et un vrai débat aurait été préférable… encore aurait-il fallu pour qu’il ait lieu que l’UFML-S soit invitée, mais les discussions quelque peu animées entre Jérôme Marty et Philippe Vigier à l’occasion d’une interview croisée du Quotidien du médecin auront peut-être dissuadé l’élu !

Frédéric Haroche

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