Scandale de vaccins en Chine: amende record contre un labo

L’entrée du laboratoire Changchun Changsheng à Changchun, dans la province de Jilin (nord-est de la Chine), le 23 juillet 2018. / © AFP / –

L’entreprise pharmaceutique chinoise au coeur d’un retentissant scandale de vaccins défectueux durant l’été devra verser une amende faramineuse équivalente à plus d’un milliard d’euros, ont annoncé mardi les autorités.

Les services sanitaires avaient découvert en juillet un processus de fabrication illégal de vaccins contre la rage dans un laboratoire de la province du Jilin (nord-est). L’affaire avait provoqué un tollé en Chine au sein de l’opinion publique.

L’entreprise incriminée, Changchun Changsheng, avait falsifié des registres de production et modifié des paramètres de fabrication. Quinze personnes avaient été arrêtées.

« Le montant total de l’argent saisi et des amendes infligées atteindra les 9,1 milliards de yuans (1,1 milliard d’euros, 1,3 milliard de dollars) », a indiqué dans un communiqué commun l’Administration étatique des médicaments et le Bureau de contrôle des produits alimentaires et pharmaceutiques de la province du Jilin (nord-est), où est situé le siège du laboratoire.

Ce montant comprend notamment la confiscation de 1,89 milliard de yuans de revenus générés par la vente des vaccins incriminés.

Dans le communiqué, le laboratoire est notamment accusé d’avoir modifié des centrifugeuses, d’avoir mal mélangé des solutions-mères lors de la production, ou encore d’avoir « détruit des disques durs et des preuves afin de dissimuler ses actes illégaux ».

Un total de 14 dirigeants, dont la PDG de l’entreprise Gao Junfang, ne pourront par ailleurs plus travailler dans l’industrie pharmaceutique.

L’amende inhabituellement lourde infligée à Changchun Changsheng intervient dans un contexte d’extrême sensibilité sur les questions de santé infantile au sein de l’opinion publique en Chine. En raison de la politique de limitation des naissances, la plupart des couples n’ont qu’un seul enfant.

Dès le début du scandale, le président chinois Xi Jinping était ainsi monté au créneau, dénonçant les pratiques « odieuses et choquantes » de la compagnie pharmaceutique. En août, de nombreux responsables politiques et d’organismes de contrôle des médicaments avaient été démis de leurs fonctions.

Une inspection nationale des laboratoires de production de vaccins a également été engagée. Mais de nombreux parents disent pourtant n’avoir plus confiance dans les doses produites en Chine.

Les autorités chinoises imposent régulièrement des amendes à des entreprises coupables d’irrégularités. Les montants atteignent toutefois rarement le milliard d’euros.

En mars, le gendarme chinois des marchés boursiers avait infligé une sanction de 5,5 milliards de yuans (690 millions d’euros) à une firme accusée de manipulation de cours.

La filiale chinoise du constructeur automobile américain General Motors a dû en 2016 payer 201 millions de yuans (25 millions d’euros) pour entente illégale sur les prix avec des concessionnaires.

L’année précédente, une coentreprise de McDonald’s en Chine, qui fournissait la marque américaine de fast-food en pommes de terre frites, a été condamnée à une amende de 566.500 euros pour pollution de l’eau.

Le géant pharmaceutique britannique GlaxoSmithKline (GSK) avait en 2014 dû verser 3 milliards de yuans (375 millions d’euros) pour corruption.

En 2008, un énorme scandale de lait en poudre pour bébé contaminé (six enfants décédés, plus de 300.000 autres contaminés) avait provoqué un tollé. L’entreprise Sanlu, alors l’un des fleurons de l’industrie laitière nationale, avait dû payer une amende de 50 millions de yuans (6,2 millions d’euros).

(©AFP / (16 octobre 2018 16h55)

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