Les patients ne le savent pas forcément, mais les pharmaciens perçoivent sur chaque boîte de médicaments remboursable vendus, des honoraires de dispensation pour leur mission de conseil. Cette mesure a été mise en place progressivement depuis quatre ans afin de compenser la baisse de leur marge, en raison de la baisse du prix des médicaments remboursés.
Négociations avec les mutuelles
« L’Assurance maladie nous l’a confirmé lors d’une réunion de travail le 14 novembre : si leurs contrats ne prévoient pas de rembourser les médicaments à 15% ou 30%, les complémentaires santé ne participeront pas aux honoraires du pharmacien », révèle Philippe Gaertner, président de la FSPF (Fédération des syndicats pharmaceutiques de France) au Parisien.
Le quotidien prend l’exemple du somnifère Stilnox, vendu 3,90 euros la boîte de 14 comprimés. Actuellement, le pharmacien perçoit 1,02 euros (entièrement remboursés), et l’Assurance maladie remboursera 46 centimes sur le prix du médicament. Au final, le patient devra débourser 2,63 euros.
Pour payer moins cher… ne pas demander le remboursement
Mais, dès janvier, l’honoraire de dispensation perçu par le pharmacien passera à 4,08 euros sur ce médicament, dont un tiers seulement sera pris en charge par l’Assurance maladie. Ce qui fait que le patient devra payer 1,36 euros de plus la même boite de médicaments, soit 3,99 euros. En 2020, année de la dernière étape de la réforme, cette même boite de médicament lui coûtera 4,31 euros.
Le système est paradoxal, car le médicament revient plus cher à l’assuré quand il demande l’application du remboursement (9 centimes dès janvier et 1,22 euros en 2020), puisque les honoraires de dispensation ne s’appliquent que dans ce cas. Philippe Gaertner estime donc que le patient n’aura plus intérêt à demander le remboursement… mais le pharmacien ne touchera plus ses honoraires. Un biais qui va sans doute créer de la grogne dans les officines. Interrogé par Le Parisien, l’Assurance maladie n’a pas donné de suite.