Variabilité de la prise en charge des dysthyroïdies chez les femmes enceintes et Variabilité de la prise en charge des dysthyroïdies chez les femmes enceintes et leur nouveau-né

publié le 13/12/2018

Les troubles de la fonction thyroïdienne ne sont pas rares chez les femmes enceintes : 0,1 % à 2 % ont une hypothyroïdie manifeste, 2,5 % à 10 % une hypothyroïdie infra-clinique. La cause la plus fréquente d’hypothyroïdie acquise est la thyroïdite auto-immune d’Hashimoto. Nombre de femmes enceintes ont des auto-anticorps sans altération de la fonction thyroïdienne mais une hypothyroïdie a un effet négatif sur le déroulement de la grossesse et potentiellement sur le développement psychomoteur de l’enfant. Les hyperthyroïdies sont beaucoup plus rares mais le transfert trans-placentaire d’anticorps anti-récepteurs de la TSH (Ac anti-rTSH) peut avoir des conséquences dramatiques pour le nouveau-né.

Des pédiatres et des obstétriciens allemands ont analysé la prise en charge des dysthyroïdies dans une cohorte de 1 819 femmes ayant accouché dans un seul centre au cours d’une période d’un an : 213 (11,7 %) avaient une maladie thyroïdienne : 37 (2 %) une thyroïdite d’Hashimoto, 7 (0,4 %) une maladie de Basedow et 169 (9,3 %) une maladie thyroïdienne non étiquetée. Parmi ces 213 mères, 188 (88 %, 10,3 % de la cohorte) prenaient de la L-thyroxine.
Pour les internes en obstétrique, les taux de TSH considérés comme acceptables pour les femmes enceintes étaient au maximum de 2,5 mIU/L et au minimum de 0,1 mIU/L. Seulement 59 % de ces praticiens ont signalé que chez les femmes enceintes avec une hypothyroïdie connue sous L-thyroxine, les doses doivent être ajustées et 69 % que les valeurs maximales acceptables de TSH étaient entre 1 et 3 mIU/L et 31 % entre 2,5 et 3 mIU/L. Néanmoins, un spécialiste a été consulté dans 86 % des cas. De surcroît, 96 % des obstétriciens recommandaient une supplémentation en iode pendant la grossesse entre 100 et 250 µg.

Des mesures des paramètres thyroïdiens ont été effectuées pour 19/213 nouveau-nés sans détecter aucune anomalie et sans aucune corrélation clinique. Le taux des Ac anti-rTSH n’a été déterminé qu’une fois avant l’accouchement sur les 7 femmes souffrant de maladie de Basedow et ce taux a été mesuré une fois sur les 7 nouveau-nés, malgré la nécessité d’un suivi rigoureux. Dans l’ensemble, les paramètres de la naissance et la croissance ultérieure des enfants des mères souffrant de dysthyroïdie ont été normaux à l’exception de ceux des mères souffrant de maladie de Basedow pour lesquels les risques étaient augmentés.
Les résultats de cette enquête illustrent le manque d’uniformité dans la prise en charge diagnostique et thérapeutique des femmes présentant une dysthyroïdie et de leur nouveau-né. Ils reflètent certes l’expérience d’une seule maternité mais soulignent que les problèmes de thyroïde sont fréquents au cours de la grossesse avec les risques pour la mère et l’enfant.

Pr Jean-Jacques Baudon

RÉFÉRENCE

Weissenfels PC et coll. : Inconsistencies in the management of neonates born to mothers with thyroid diseases. Eur J Pediatr., 2018; 177: 1711-1718.

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