Le nombre de cancers professionnels en augmentation en France

Par Sciences et Avenir avec AFP le 15.04.2019 à 06h00

En trente ans le nombre de cancers professionnels reconnus par l’assurance maladie a plus que triplé.

manif amiante

UN MANIFESTANT TIENT UNE BANDEROLE « STOP AMIANTE » DEVANT LE PALAIS DE JUSTICE DE PARIS, LE 22 MARS 2019.AFP – THOMAS SAMSON

Un ouvrier retraité de 68 ans, habitant plutôt dans le nord de la France, qui travaillait dans le secteur de la métallurgie ou du BTP et a été exposé à l’amiante : voilà le portrait type d’une victime de cancer professionnel.

Des pathologies encore sous-évaluées

Sur la période 2013-2017, 1.840 cancers professionnels en moyenne ont été reconnus chaque année en France, selon des données présentées jeudi 11 avril 2019 par assurance maladie. Sur la période 2013-2017, 1.840 cancers professionnels en moyenne ont été reconnus chaque année en France, selon des données présentées jeudi par la branche Risques professionnels de l’assurance maladie. Un chiffre qui a plus que triplé en 20 ans – 540 cas en 1998, 1.940 cas reconnus en 2017 – mais qui pourrait ne représenter qu’un cinquième des cas du fait des sous-déclarations. Pour autant, l’assurance maladie met en parallèle ce chiffre avec les « plus de 50.000 maladies professionnelles », liées majoritairement à des troubles musculo-squelettiques, reconnues annuellement. Ces cancers, c’est un peu « un regard dans le rétroviseur », ils reflètent « ce qui s’est passé il y a 30, 40 ans en termes d’exposition professionnelle » car ce sont des « pathologies à effet différé », a observé Marine Jeantet, directrice des Risques professionnels. Citant une étude Santé Publique France, elle a aussi souligné que l’exposition professionnelle était à l’origine de « 5 à 6% maximum » des cancers. Parmi ces cancers professionnels, 80% sont liés à une exposition à l’amiante (70% de cancers du poumon, 30% de mésothéliomes, le cancer de la plèvre aussi appelé « cancer de l’amiante »). Pour les autres, il s’agit principalement de cancers de la vessie, naso-sinusiens et de leucémies. Hors amiante, interdit depuis 1997 en France, l’exposition aux poussières de bois, au benzène et aux goudrons, bitumes et asphaltes est à l’origine de la moitié des cas, souligne l’assurance maladie. – Mieux organiser la détection – Tous types de cancers confondus, l’âge moyen des personnes touchées au moment de la reconnaissance en maladie professionnelle est de 68 ans (73 ans en moyenne pour les cancers de l’amiante, 56,5 ans pour les cancers liés au benzène) et les hommes sont très majoritairement concernés (96%, contre un rapport 55/45 pour l’ensemble des cancers). Ils sont ouvriers dans 80% des cas. Une situation qui reflète « la structure d’emploi des cinquante dernières années » et non « l’exposition actuelle des salariés », souligne l’assurance maladie. « Il est difficile de savoir », ajoute-t-elle, « le type de cancers qui seront reconnus d’origine professionnelle dans 30 ans, ainsi que le profil des salariés touchés ». Les cas se concentrent dans la moitié nord de la France, où sont implantées des activités concernées par l’utilisation passée de l’amiante (mines, chantiers navals, métallurgie…). Par secteurs, la métallurgie compte le plus grand nombre de cas (39%). Viennent ensuite le BTP (24%) et, dans une moindre mesure, l’industrie chimique et le secteur du bois (9% chacun). La prise en charge de ces cancers par la branche Risques professionnels représente un coût annuel de 1,2 milliard d’euros pour les entreprises. Il s’agit principalement de rentes viagères, dont 80% sont versées aux ayants droit (essentiellement des conjoints survivants), avec un montant moyen d’environ 17.000 euros par an. Mais beaucoup de cancers d’origine professionnelle ne sont pas déclarés, du fait notamment de la période de latence entre l’exposition et la survenue de la maladie (20 à 40 ans) ou des démarches à engager. Privant du même coup les victimes du versement d’une rente à titre de réparation. D’où la volonté de mieux « organiser la détection » de l’origine potentiellement professionnelle d’un cancer à l’occasion de contrôles médicaux – une expérimentation sur les cancers de la vessie a permis de multiplier par six ceux pris en charge par la branche entre 2008 et 2017. Et de mettre en place une aide à la déclaration. Face aux « éventuels cancers à venir », l’assurance maladie déploie aussi un programme de prévention des risques chimiques qui prévoit entre autres des aides financières pour les entreprises de moins de 50 salariés. » target= »_blank »>la branche Risques professionnels de l’assurance maladie. Un chiffre qui a plus que triplé en 20 ans – 540 cas en 1998, 1.940 cas reconnus en 2017 – mais qui pourrait ne représenter qu’un cinquième des cas du fait des sous-déclarations. Pour autant, l’assurance maladie met en parallèle ce chiffre avec les « plus de 50.000 maladies professionnelles », liées majoritairement à des troubles musculo-squelettiques, reconnues annuellement.

Ces cancers, c’est un peu « un regard dans le rétroviseur », ils reflètent « ce qui s’est passé il y a 30, 40 ans en termes d’exposition professionnelle » car ce sont des « pathologies à effet différé », a observé Marine Jeantet, directrice des Risques professionnels. Citant une étude Santé Publique France, elle a aussi souligné que l’exposition professionnelle était à l’origine de « 5 à 6% maximum » des cancers. Parmi ces cancers professionnels, 80% sont liés à une exposition à l’amiante (70% de cancers du poumon, 30% de mésothéliomes, le cancer de la plèvre aussi appelé « cancer de l’amiante »). Pour les autres, il s’agit principalement de cancers de la vessie, naso-sinusiens et de leucémies.

Hors amiante, interdit depuis 1997 en France, l’exposition aux poussières de bois, au benzène et aux goudrons, bitumes et asphaltes est à l’origine de la moitié des cas, souligne l’assurance maladie.

Mieux organiser la détection

Tous types de cancers confondus, l’âge moyen des personnes touchées au moment de la reconnaissance en maladie professionnelle est de 68 ans (73 ans en moyenne pour les cancers de l’amiante, 56,5 ans pour les cancers liés au benzène) et les hommes sont très majoritairement concernés (96%, contre un rapport 55/45 pour l’ensemble des cancers).

Ils sont ouvriers dans 80% des cas. Une situation qui reflète « la structure d’emploi des cinquante dernières années » et non « l’exposition actuelle des salariés », souligne l’assurance maladie. « Il est difficile de savoir », ajoute-t-elle, « le type de cancers qui seront reconnus d’origine professionnelle dans 30 ans, ainsi que le profil des salariés touchés ». Les cas se concentrent dans la moitié nord de la France, où sont implantées des activités concernées par l’utilisation passée de l’amiante (mines, chantiers navals, métallurgie…). Par secteurs, la métallurgie compte le plus grand nombre de cas (39%). Viennent ensuite le BTP (24%) et, dans une moindre mesure, l’industrie chimique et le secteur du bois (9% chacun).

Infographie par Damien Hypolite

La prise en charge de ces cancers par la branche Risques professionnels représente un coût annuel de 1,2 milliard d’euros pour les entreprises. Il s’agit principalement de rentes viagères, dont 80% sont versées aux ayants droit (essentiellement des conjoints survivants), avec un montant moyen d’environ 17.000 euros par an.

Mais beaucoup de cancers d’origine professionnelle ne sont pas déclarés, du fait notamment de la période de latence entre l’exposition et la survenue de la maladie (20 à 40 ans) ou des démarches à engager. Privant du même coup les victimes du versement d’une rente à titre de réparation.

D’où la volonté de mieux « organiser la détection » de l’origine potentiellement professionnelle d’un cancer à l’occasion de contrôles médicaux – une expérimentation sur les cancers de la vessie a permis de multiplier par six ceux pris en charge par la branche entre 2008 et 2017. Et de mettre en place une aide à la déclaration. Face aux « éventuels cancers à venir », l’assurance maladie déploie aussi un programme de prévention des risques chimiques qui prévoit entre autres des aides financières pour les entreprises de moins de 50 salariés.

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