La thyroïdite de Hashimoto, une hypothyroïdie méconnue

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D’origine auto-immune, la maladie de Hashimoto est une forme d’hypothyroïdie fréquente qui touche majoritairement les femmes. Le point sur cette pathologie avec le Dr Jean-Marc Comas, endocrinologue en Corrèze.

Sommaire

  1. La thyroïdite de Hashimoto, une maladie auto-immune trop peu dépistée 
  2. Maladie de Hashimoto : des symptômes gênants
  3. Maladie de Hashimoto : un traitement au cas par cas
  4. Thyroïdite de Hashimoto : des effets secondaires possibles
hypothyroidie hashimoto

La thyroïdite de Hashimoto doit son nom à Hakaru Hashimoto, le médecin japonais qui a, le premier, décrit cette maladie au début du XXe siècle. Elle est en cause dans 80% des cas d’hypothyroïdie et est 10 fois plus fréquente chez les femmes

La thyroïdite de Hashimoto, une maladie auto-immune trop peu dépistée 

« J’ai appris que j’avais la maladie de Hashimoto une fois l’ablation de ma thyroïde réalisée, en 1998« , débute Hélène. Cette septuagénaire, originaire de la région parisienne, commence à développer des symptômes  d’hyperthyroïdie en 1986. « C’était vers les mois d’août-septembre 1986, j’avais 46 ans« , se souvient-elle. « J’ai commencé par avoir de la fièvre avec des frissons« . Sur les conseils de son médecin, Hélène passe alors une échographie de la thyroïde qui révèle une inflammation de la glande, une thyroïdite. Ses examens sanguins montrent une hausse de ses hormones thyroïdiennes. Le médecin lui prescrit alors de la cortisone, mais à ce moment-là, le diagnostic de « thyroïdite de Hashimoto » n’est pas encore posé.

« La thyroïdite de Hashimoto, également appelée thyroïdite chronique lymphocytaire, est une pathologie auto-immune. La glande thyroïde est agressée par les cellules du système immunitaire, comme si elle était étrangère à l’organisme« , explique le Dr Jean-Marc Comas endocrinologue en Corrèze. « Dans quelques rares cas, la maladie, qui se traduit normalement par une hypothyroïdie, c’est-à-dire une baisse de la quantité d’hormones thyroïdiennes dans le sang, se manifestera par une hausse de celles-ci, au départ. Puis l’hypothyroïdie s’installera à son tour, dans un second temps« , poursuit-il.

Maladie de Hashimoto : des symptômes gênants

Hélène reste sous Solupred® pendant un an. Elle subit ensuite une scintigraphie thyroïdienne, dont le résultat est normal. « Je pensais être guérie, j’ai déménagé quelques temps plus tard dans la région de Montauban, où je réside actuellement« , poursuit-elle. « Et là les symptômes ont repris« .

La maladie de Hashimoto peut se manifester par :

  • Une grande fatigue ; 
  • Une prise de poids ;
  • Une visage bouffi ;
  • Des doigts boudinés ;
  • Une constipation ;
  • Des douleurs articulaires ;
  • Des sautes d’humeur. 

Tous ces maux caractérisent une hypothyroïdie. Nouvelle consultation, nouvelle prise de sang qui révèle un taux de TSH (thyréostimuline) élevé. Cette hormone permet à la thyroïde de produire les hormones thyroïdiennes T3 et T4. « Cela signifie qu’elle présentait un manque d’hormones thyroïdiennes T3 et T4, son corps secrétait donc plus de TSH pour pousser la thyroïde à en produire, sans succès« , explique Jean-Marc Comas.

Maladie de Hashimoto : un traitement au cas par cas

En plus de son taux de TSH déséquilibré, Hélène a un goitre qui la gêne, elle choisit donc de se faire opérer en 1998. Après analyse de la glande, le diagnostic de thyroïdite de Hashimoto est posé.

Selon le Dr Comas, « dans le cadre de la maladie de Hashimoto, la chirurgie n’est indiquée qu’en cas de goitre compressif« , qui gêne pour respirer la nuit ou pour déglutir, notamment. Sans cela, « un traitement, modulé au cas par cas pour chaque patient en fonction de ses résultats sanguins, suffit à réguler les symptômes« , indique l’endocrinologue.  

Thyroïdite de Hashimoto : des effets secondaires possibles

« C’est un dosage d’anticorps anti-thyroïdiens et anti-thyroperoxydase qui signe la maladie« , précise Jean-Marc Comas. « Cela rend donc la maladie de Hashimoto difficile à suivre d’un point de vue épidémiologique« . On sait cependant que, comme toutes les maladies auto-immunes, elle est due à un dérèglement du système immunitaire par une agression virale ou toxique et touche 15 à 20 fois plus de femmes que d’hommes. Ce caractère auto-immun fait que le malade développe souvent d’autres pathologies, comme les cancers. « Les personnes qui ont un Hashimoto ont plus de risques de développer un lymphome, un cancer du système lymphatique ou d’autres pathologies auto-immunes, comme la polyarthrite rhumatoïde, par exemple. Mais fort heureusement, ce n’est pas systématique« , conclut le spécialiste. 

Sihem Boultif

Ecrit par:

Sihem Boultif

Journaliste santé

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