« Sur l’impact des pesticides, la recherche scientifique doit éclairer la décision publique »

Collectif

L’appel à projets annoncé par le gouvernement le 9 mai ne suffira pas à couvrir l’ensemble des problématiques liées à l’utilisation de ces produits, déplore un collectif de près de 260 scientifiques, qui prônent une gestion plus ambitieuse « au nom du bien commun ».

Publié hier à 06h30, mis à jour à 09h43   Temps deLecture 5 min.

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De plus en plus de données montrent que les pesticides contribuent pour une grande part à la chute dramatique de la biodiversité. Ici, le 11 mai 2018,  à Piacé (Sarthe).
De plus en plus de données montrent que les pesticides contribuent pour une grande part à la chute dramatique de la biodiversité. Ici, le 11 mai 2018,  à Piacé (Sarthe). JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Malgré la multiplication des plans annonçant leur réduction depuis plus d’une décennie, l’utilisation des pesticides en agriculture continue d’augmenter en France. Face à ce constat, le gouvernement lancera début juin le programme prioritaire de recherche « Cultiver et protéger autrement », doté de 30 millions d’euros. Ce dispositif est conçu pour développer des solutions de remplacement agronomiques et technologiques aux pesticides et les déployer ensuite vers les agriculteurs. Mais les travaux sur les impacts des pesticides sur la santé humaine et environnementale et les coûts que ceux-ci impliquent pour la société sont exclus des appels à projets.

Le 9 mai, le gouvernement a annoncé le lancement d’un appel à projets sur les effets des pesticides dans le cadre d’Ecophyto2 +. Doté de seulement 2 millions d’euros, il ne permettra pas de couvrir toutes les problématiques. Pourtant, la connaissance de l’étendue et de la profondeur des impacts des pesticides et la façon dont ils pèsent sur la société est un levier indispensable pour accélérer la transition vers d’autres modes de production, et complémentaire au développement d’alternatives aux pesticides. Pour être à la hauteur des enjeux, une programmation plus ambitieuse est nécessaire.Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Glyphosate : une étude montre une nette augmentation du risque de lymphome

De plus en plus de données montrent que les pesticides contribuent pour une grande part à la chute dramatique de la biodiversité, avec des conséquences en chaîne sur les écosystèmes et, comme l’illustre l’exemple des abeilles et autres insectes pollinisateurs, sur l’agriculture elle-même et in fine sur l’alimentation.

Des données probantes existent par ailleurs sur les impacts plus directs des pesticides sur la santé humaine. On sait notamment que certaines pathologies comme les cancers du sang et de la prostate et la maladie de Parkinson sont en surincidence chez les travailleurs agricoles exposés aux pesticides. On sait également que les équipements de protection, pierre angulaire des autorisations de mise sur le marché des pesticides, ont dans la réalité une efficacité relative et limitée et sont souvent inadaptés aux conditions du travail agricole, en particulier concernant la pénibilité et la chaleur.

La connaissance des coûts que génèrent les pesticides pour la société, à travers leurs effets sur la santé et sur l’environnement, serait décisive pour mieux orienter les politiques publiques

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