Spicheren | SantéMarielle Klein : la maman qui fait plier Bayer

Marielle Klein, maman de cinq enfants à Spicheren, a été lanceuse d’alerte concernant les implants contraceptifs Essure du géant pharmaceutique Bayer. Ce dispositif médical, soupçonné d’effets secondaires graves, a été retiré du marché. Mais Marielle voudrait aussi avoir gain de cause devant la justice.Par Stéphane MAZZUCOTELLI (stephane.mazzucotelli@republicain-lorrain.fr) – 05:03 | mis à jour à 18:40 – Temps de lecture : 4 min | Vu 3985 fois

Marielle Klein, 42 ans, de Spicheren, lanceuse d’alerte, a réussi à faire retirer du marché l’implant contraceptif Essure de Bayer. Mais le combat continue devant les tribunaux.  Photo RL /Stéphane MAZZUCOTELLI

Àpartir du 1er  janvier, les implants contraceptifs Essure, mis au point par le laboratoire Bayer, ne seront plus commercialisés aux États-Unis. Il s’agit du dernier pays où on peut encore se procurer ce dispositif médical très controversé et contre lequel des femmes du monde entier luttent depuis des années. En France, ce combat contre Essure est incarné depuis 2016 par Marielle Klein, de Spicheren.A lire aussi

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Hémorragies, troubles visuels, douleurs…

Le 12 mars 2016, la Spicheroise témoigne pour la toute première fois de son calvaire dans nos colonnes. Porteuse d’implants contraceptifs durant cinq ans, elle raconte les hémorragies sévères, les troubles visuels et auditifs, les douleurs au visage, les palpitations cardiaques… « J’ai cru mourir », témoigne la maman de cinq enfants. Elle voit une ribambelle de médecins mais ses pathologies sont mises sur le compte d’un burn-out. Marielle s’entête et elle a raison. Une simple recherche sur internet lui prouve que des milliers de femmes comme elle, surtout aux États-Unis, souffrent depuis qu’elles portent les implants de Bayer. La Mosellane crée un site internet Essure France : alerte, puis l’association Resist (réseau d’entraide, de soutien et d’informations sur la stérilisation tubaire).PUBLICITÉ

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Des résistances dans la communauté médicale

Marielle Klein anime une page Facebook et publie une pétition en ligne sur change.org. En 18 mois, cette pétition rassemble 78 796 signatures de soutien. Une partie de la communauté médicale émet de sérieux doutes sur Essure, mais les femmes victimes de pathologies graves font aussi face à de fortes résistances, notamment au sein du collège des gynécologues français.

Mais en septembre 2017, sous la pression, le laboratoire Bayer plie : il retire ses implants du marché en Europe. La marque de Leverkusen est mauvaise perdante. Ses dirigeants évoquent des raisons commerciales à l’arrêt d’Essure… Mais personne n’est dupe. C’est une immense victoire pour Marielle et toutes les femmes autour d’elle. « Je pense que nous avons mis de nombreuses femmes en sécurité en obtenant le retrait d’Essure. Un protocole médical a été mis en place pour le retrait des implants du corps des femmes ne le supportant plus. Le bilan est positif pour l’instant. Mais le combat continue », témoigne-t-elle. Une partie encore plus compliquée s’engage sur le terrain judiciaire.

Défaillances dans les certifications et le suivi

« Nous voulons faire reconnaître la défectuosité du produit et le défaut d’informations des femmes porteuses », poursuit Marielle. La quadragénaire a passé la main à la présidence de Resist mais reste une militante active et déterminée. « Les Implant Files montrent qu’il reste beaucoup de travail à faire. Cette enquête journalistique internationale a prouvé les défaillances graves au niveau de la certification et du suivi de nombreux dispositifs médicaux comme Essure », remarque, en guise de conclusion, Marielle Klein.

C’est quoi Essure ?

Essure est une méthode de contraception définitive pour les femmes, commercialisée par la firme allemande Bayer. Son utilisation a été approuvée en 2002 en France. Il s’agit d’une méthode de stérilisation tubaire par la pose de micro-implants dans les trompes de Fallope. Le petit ressort, composé de nickel, suscite une réaction bouchant les trompes. L’acte médical d’implantation, réalisé sans anesthésie, est une alternative à la ligature des trompes.
Ces dernières années, beaucoup de femmes implantées témoignent d’effets indésirables : douleurs, hémorragies, migration incontrôlable, perforation des organes, allergies…
Face à la polémique, Bayer a préféré retirer son produit du marché. Le laboratoire est assigné en justice en France.

Marielle Klein de Spicheren, victime d’effets secondaires graves dus à Essure, un implant contraceptif définitif, lance une alerte via internet en mars 2016.  Photo RL /Stéphane MAZZUCOTELLI

Bio express

21 septembre 1977  : naissance de Marielle Klein à Château-du-Loir (Sarthe).

10 octobre 2011  : pose des implants contraceptifs Essure après avoir donné naissance à cinq enfants.

Février 2013  : apparition des premiers symptômes (hémorragies, fatigue…).

Février 2016  : retrait des implants par hystérectomie.

12 mars 2016  : premier témoignage en forme de cri d’alerte dans les colonnes du Républicain Lorrain.

10 juin 2016  : création de l’association Resist.

18 septembre 2017  : Bayer stoppe la commercialisation de ses implants contraceptifs en France et en Europe.

Mars 2018  : une action de groupe est lancée contre le laboratoire Bayer. Il s’agit de la deuxième action de groupe en France dans le domaine de la santé après l’affaire de la Dépakine.

Mars 2019  : Marielle Klein quitte la présidence de Resist et passe le flambeau à Emilie Gillier. La Mosellane reste membre de l’association, participe à l’action tout en suivant son dépôt de plainte individuel contre Bayer.

Décembre 2019  : Marielle témoigne, avec d’autres lanceuses d’alerte, dans le livre Les Résistantes de la journaliste du parisien Florence Méréo.

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