Soutenus par François Ruffin, des diabétiques déclarent la guerre à Sanofi

POLITIQUE08/01/2020 16:20 CET

“Leur action a beaucoup de sens, assure le député France Insoumise, ils se battent pour que l’insuline refasse partie du domaine public. »

Si en France, la question des prix ne se pose pas pour les patients, ailleurs, elle empêche de...
Si en France, la question des prix ne se pose pas pour les patients, ailleurs, elle empêche de nombreux diabétiques de se soigner.

SANTÉ – “L’insuline trop chère tue”, “l’insuline n’est pas du parfum”, “insuline pour tous”. Ces slogans sont ceux de l’association Diabète et Méchant, dont une vingtaine de membres a manifesté ce mercredi 8 janvier devant le siège du laboratoire Sanofi.

Enfin, quelques mètres plus loin, parce que la préfecture de police ne les a pas autorisés à stationner juste devant le labo. “On avait juste le droit d’aller, à deux, remettre le tract à Sanofi, témoigne Bertrand Burgalat, fondateur de Diabète et Méchant. Mais on n’a même pas pu entrer dans le hall, Sanofi nous a barré l’accès à l’immeuble”. 

Observatoire Transparence Médicaments@OTMeds

L’ Observatoire @OTMeds
aux côtés de nos amis de « Diabète et méchant » & @t1international
(avec la présence de Bertrand Burgalat) au rassemblement #insulin4all à #Paris mercredi 08 janvier

Voir l'image sur Twitter

2109:25 – 7 janv. 2020Informations sur les Publicités Twitter et confidentialitéVoir les autres Tweets de Observatoire Transparence Médicaments

Sanofi, c’est le producteur de l’une des insulines les plus utilisées au monde, la glargine, plus connue sous les noms de marque Lantus et Toujeo.

Les manifestants demandent à Sanofi, ainsi qu’aux autres laboratoires, une baisse drastique du prix de l’insuline, cette hormone indispensable à la survie des diabétiques de type 1 et de certains autres (quelques types 2, Mody, Lada, gestationnel…).

“Les prix pratiqués sont bien trop élevés, explique au HuffPost Bertrand Burgalat. La grille tarifaire de Sanofi et des autres rend cette hormone inabordable pour la moitié des diabétiques de type 1 dans le monde, qui ne peuvent survivre plus de quelques semaines sans elle. Dans les pays pauvres, bien sûr, mais également aux États-Unis. En 10 ans, les labos y ont triplé le prix, sans aucune innovation.” 

Pancarte de Diabète et méchant pour manifester devant Sanofi le 8
Pancarte de Diabète et méchant pour manifester devant Sanofi le 8 janvier.

“Un scandale”, selon François Ruffin

Dans le monde, 50% des diabétiques n’ont pas accès à l’insuline, d’après les chiffres de l’association T1International qui milite dans les pays anglo-saxons pour faire de l’insuline une denrée accessible. Au Mozambique, la durée de vie d’un enfant atteint est de 8 mois. Aux États-Unis, le coût du traitement par mois est de 730 dollars, contre 230 il y a dix ans. Au Brésil, ces 730 dollars représentent 82% du revenu mensuel moyen.

La manifestation a reçu le soutien plein et entier du député France insoumise François Ruffin, dont le combat contre Sanofi est toujours d’actualité. “Leur action a beaucoup de sens, dit-il au HuffPost, ils se battent pour que l’insuline refasse partie du domaine public. C’est quand même incroyable de savoir que l’inventeur de l’insuline avait cédé le brevet pour un dollar symbolique il y a un siècle et qu’aujourd’hui l’insuline serve à faire des milliards de profits pour les trois géants de la santé, sans qu’elle puisse être abordable pour tous les diabétiques du monde. C’est un scandale.”

“Je compte rencontrer les acteurs de la lutte contre les prix élevés de l’insuline ces prochains mois”, a précisé le député.

“Des psychopathes du profit”

Aujourd’hui, l’insuline se vend par cartouches de cinq au prix de 60 euros en France pour la Lantus, 40 à 50 euros pour les biosimilaires. “Nous voulons qu’ils divisent par dix leurs prix”, précise Bertrand Burgalat. “Ils peuvent le faire et ils gagneront en volume ce qu’ils perdront en valeur”.

Mais le député François Ruffin n’est pas optimiste: “Sanofi, ce sont des psychopathes du profit, tance-t-il, regardez le cas de la Dépakine (médicament contre l’épilepsie qui aurait dû être interdit aux femmes enceintes, qui a causé des malformations chez 16.000 à 30.000 enfants). Sanofi sait qu’il est responsable de ces handicaps, mais le laboratoire ne veut indemniser personne. Et pousse les procès jusqu’en cassation pour que sa responsabilité ne soit pas reconnue. Le pire dans tout ça, c’est la collusion entre les dirigeants de Sanofi et le gouvernement. Le 1er janvier dernier, qui a été élevé au grade de commandeur de la légion d’honneur? Le président du conseil d’administration de Sanofi. Alors qu’il aurait dû recevoir la légion du déshonneur.”

D’ailleurs, la question écrite au gouvernement de François Ruffin cette semaine du 6 janvier porte sur cette décoration qui ne passe pas auprès des victimes de la Dépakine.

“Coupez vos dépenses marketing”

Revenons à l’insuline et à l’action en cours: “Nous sommes là pour vous aider, se moque gentiment le tract de Diabète et Méchant distribué devant le siège du laboratoire. Vous pouvez gagner beaucoup d’argent avec le diabète, tout en rendant service à l’humanité: ne baissez pas le prix de l’insuline, divisez-le par dix avec un tarif unique, coupez vos dépenses marketing (…) et le financement d’influenceurs inutiles. Vous multiplierez ainsi vos ventes (un diabétique mort ne consomme pas d’insuline).”

Pancarte de manifestation de Diabète et méchant devant
Pancarte de manifestation de Diabète et méchant devant Sanofi

L’action de Diabète et méchant s’inscrit dans la campagne lancée dans les pays anglo-saxons par l’association T1International, qui s’intitule #insulinforall (insuline pour tous). Elle est menée en partenariat avec l’Observatoire de la transparence dans la politique du médicament et l’ONG Santé Diabète.

Vous aimerez aussi...