Chantal L’Hoir : « Beaucoup de femmes sont devenues lanceuses d’alerte »

  • Les lanceuses d’alerte Marine Martin et Chantal L’Hoir (à droite). / DDM Adrien Nowak

Livres et dédicacesRecherche médicaleSantéPublié le 10/02/2020 à 05:09 , mis à jour à 05:18

À l’occasion de la signature du livre « Les résistantes » de Florence Méréo, samedi à la librairie « Les Passantes » à L’Union, au sujet des femmes lanceuses d’alertes sanitaires, le docteur Gérard Bapt, député honoraire et médecin-conseil de l’AFMT, a invité deux personnalités marquantes : Marine Martin, présidente de l’Apesac (Dépakine) et Chantal L’Hoir, présidente de l’Association française des malades de la thyroïde (AFMT). Cette dernière garde espoir de mener son combat jusqu’au bout pour les victimes du Levothyrox.

Chantal L’Hoir, comment voyez-vous votre rôle de lanceuse d’alerte dans l’affaire du Levothyrox ?

Dans cette affaire, ce qui est important, c’est que beaucoup de gens sont devenus lanceurs d’alerte. Ils ont créé des collectifs, se sont fédérés et dans la plupart des cas ce sont des femmes qui ne s’étaient jamais impliquées dans quoi que ce soit. Le milieu médical étant essentiellement masculin, on nous a fait passer pour des hérétiques, des demeurées. Notre association a 21 ans d’existence et nous étions aussi traitées d’hérétiques au moment de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl (26 avril 1986, NDLR). À l’époque, nous avions porté plainte avec 700 plaignants, puis fait une BD avec le secret de l’instruction, c’est très grave ce qu’il s’est passé, d’autant plus que la télévision avait annoncé un faux bulletin météo. Tchernobyl, c’est un mensonge d’Etat.

Combien de victimes du Levothyrox ?

Il y a 36 000 personnes en France qui se sont signalées sur le site de pharmacovigilance. Mais on pense qu’il y en a davantage. Avec l’affaire Tchernobyl, on a perdu en justice car on s’est attaqué au lobby nucléaire. Pour le Levothyrox, on reste cartésien : si les gens ne se sentent pas bien c’est qu’il y a une raison. Quatre laboratoires, dont le CNRS, ont fait des analyses. Le CNRS a trouvé les mêmes graphiques que nous, mais ils disent que c’est un artefact (une erreur de manipulation humaine). Tous les laboratoires auraient commis les mêmes erreurs ? Comme on n’est pas nés de la dernière pluie, on continue les analyses en les poussant vers la biochimie des impuretés. On analyse aussi des médicaments qui étaient à base de mannitol avant la firme allemande Merck. Mais on est persuadés que dans la mondialisation actuelle, Merck, qui ne produit rien, achète tous les excipients sans qu’on sache s’ils sont sous-traités. Gérald Camier

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