« Tous, nous sommes à bout de souffle ! », la lettre ouverte d’une généraliste à Agnès Buzyn

PAR STÉPHANE LONG – PUBLIÉ LE 15/02/2020

Crédit photo : PHANIE

« J’aimerais bien qu’on soit écouté, que le gouvernement ouvre un peu les yeux. » C’est le message envoyé par le Dr Madeleine Lhote au président de la République, Emmanuel Macron, et à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn. Cette jeune généraliste de 35 ans, installée dans le 19e arrondissement de Paris, a fait part de son écœurement et de ses inquiétudes dans une lettre ouverte qu’elle a adressée aux pouvoirs publics et qu’elle a fait parvenir au « Quotidien » (voir ci-dessous).

« Il y a beaucoup de tristesse à voir ce qui se passe dans la médecine aujourd’hui. Des chefs de service démissionnent par centaines… et il ne se passe rien ! », s’indigne la jeune femme, contactée par « le Quotidien ».

Il y a un an, elle était victime d’un burn-out, épuisée par la charge de travail, la pression des patients, les lourdeurs du système de soins… Au mois de septembre dernier, elle a repris le travail en mi-temps thérapeutique. Trois mois plus tard, elle est déjà rattrapée par le rythme infernal de la médecine générale alors même qu’elle estime travailler dans d’excellentes conditions, en équipe, dans une maison de santé récente.À LIRE AUSSI« J’ai 35 ans et je suis en burn-out », le SOS d’un médecin en détresse

« Revaloriser le salaire des infirmiers et des aides-soignants »

« C’est tout le système qui est grippé et qui met à mal le partenariat entre la médecine de ville et l’hôpital, constate-t-elle. Tout devient compliqué pour nous, joindre des spécialistes, envoyer des patients aux urgences quand on sait qu’elles sont déjà encombrées… On passe notre temps au téléphone pour obtenir des rendez-vous, des examens en urgence pour nos patients, joindre des correspondants, trouver un transport conventionné. C’est épuisant ! »

S’il y avait une mesure urgente à prendre ? « Ce serait de revaloriser le salaire des infirmiers et des aides-soignants, répond le Dr Lhote. Ces gens portent la santé en France, on ne peut pas accepter qu’ils soient sous-payés. » 

À travers ce courrier, la généraliste espère mêler sa voix à celles des milliers de soignants qui réclament aujourd’hui des moyens pour « travailler dans des conditions dignes » et permettant d’assurer la sécurité des patients. « Madame la ministre, saurez-vous vous faire l’émissaire de ce message et nous défendre au nom d’un serment que vous avez prêté […] ? », conclut le Dr Lhote.

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