Coronavirus : le ministère de la Santé n’exclut pas une épidémie en France et s’y prépare

Christophe GattusoBénédicte Gatin| 20.02.2020

  • Coronavirus : le ministère de la Santé n’exclut pas une épidémie en France et s’y prépare By Christophe Gattuso

Le ministère de la Santé n’exclut pas une épidémie de coronavirus en France. Olivier Véran et le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, ont rassemblé mardi les professionnels de santé des hôpitaux, du SAMU, les représentants de sociétés savantes mais aussi les médecins et les pharmaciens libéraux pour faire face à cet éventuel scénario.

« Alors que l’augmentation du nombre de cas officiellement déclarés au niveau international ne ralentit pas (75 284 cas recensés mercredi, NDLR), la probabilité de dissémination du virus dans notre pays n’est désormais plus marginale et il convient de s’y préparer […], met en garde le ministère dans un guide que Le Généraliste s’est procuré. Une épidémie imposerait la mobilisation de tous les professionnels de santé et des structures de soins. »

Dans ce document à destination des établissements de santé et des médecins de ville, le ministère envisage de faire appel à toutes les forces du système de santé afin de faire face à cette épidémie et « notamment assurer la détection et la prise en charge des patients « cas possibles » et « cas confirmés » », dans le cadre du plan ORSAN REB mis en œuvre dans chaque région par les ARS.

L’objectif : isoler les cas confirmés

Au fil de la quarantaine de pages de ce document élaboré en collaboration avec une vingtaine d’experts de médecine d’urgence, de biologie ou d’épidémiologie, le ministère rappelle que sa stratégie est de « limiter l’introduction du virus et le cas échéant, de freiner sa propagation sur le territoire, en s’assurant de la détection rapide des patients suspects et le cas échéant, leur classement en « cas possibles » ». Ségur précise également comment il souhaite « isoler et traiter les patients classés « cas confirmés » dans des établissements de santé habilités pour « Covid-19 ».

S’appuyant sur les premiers retours d’expérience des établissements de santé chargés actuellement d’assurer la prise en charge des premiers cas de « Covid-19 » sur le territoire — 38 sont prévus à cet effet –, ce guide vise à présenter aux professionnels de santé des « orientations générales » qui ont vocation à être actualisées au fur et à mesure de l’évolution des connaissances scientifiques.

Les précautions à prendre en ville 

Les premiers cas de coronavirus recensés en France ont très majoritairement été pris en charge par le circuit hospitalier. Mais la perspective d’un scénario épidémique impose désormais d’associer les médecins libéraux. « Compte tenu de la cinétique de l’épidémie au niveau international […], il est nécessaire d’apporter d’ores et déjà, aux personnels soignants de première ligne (professionnels de santé libéraux, SAMU-Centre 15, structures d’accueil des urgences, services des maladies infectieuses, services de réanimation…) les premiers éléments d’information afin de permettre une prise en charge précoce et sécurisée des premiers patients », ajoute le ministère. 

Reconnaissant que les médecins libéraux peuvent d’ores et déjà se retrouver en première ligne, le document aborde aussi pour la première fois de façon spécifique, les mesures de précaution à mettre en œuvre en soins primaires devant un cas « suspect » ou « possible ».

En substance, la prise en charge d’un patient présentant des signes respiratoires infectieux (en particulier d’une toux) doit s’accompagner de la mise en place de mesures barrières chez le patient (masque chirurgical antiprojections et lavage des mains avec une solution hydroalcoolique). Aucune protection n’est spécifiée à ce stade pour le soignant. 

En revanche, en cas de suspicion d’infection par Covid-19 (signe respiratoire et contexte évocateur), « le médecin prenant en charge un patient doit isoler le patient et se protéger ».

La diffusion de kits de protection à l’étude

À ce titre, le guide liste le matériel dont doivent disposer « les professionnels de santé et tout particulièrement les médecins ». A savoir : « masques anti projection (masques chirurgicaux) pour le patient suspect ;  appareil de protection respiratoire (APR) de type FFP2 ; solution hydro-alcoolique (SHA) pour désinfecter les mains avant et après le soin et dès le retrait des gants ; gants non stériles à usage unique ;  lunettes de protection en plus de l’APR FFP2 pendant un soin exposant et thermomètre sans contact ou à usage unique pour la vérification de la température du patient »

La diffusion de kits de protection (masques FFP2, lunettes et gants) aux professionnels de santé de ville est envisagée même si aucune décision n’a été formellement prise. 
« Il est préférable d’agir vite là où l’épidémie est plus importante plutôt que de disperser des moyens sur l’ensemble de la population », commente un professionnel de santé joint par Le Généraliste.Source : Legeneraliste.fr

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