« Il y a des gens qui vont mourir d’autres chose que du coronavirus » : les Ehpad appellent à des rencontres entre les résidents et leurs familles

« Des psychiatres disent qu’au bout de trois semaines, sans échange avec les gens qu’on aime, il peut y avoir des détériorations dans le cerveau, dont certaines sont irréversibles », alerte Pascal Champvert, président de l’Association des directeurs au service des personnes âgées.

Pascal Champvert, président de l\'Association des directeurs au service des personnes âgées, le 6 novembre 2003 à Reims.
Pascal Champvert, président de l’Association des directeurs au service des personnes âgées, le 6 novembre 2003 à Reims. (FRANCOIS NASCIMBENI / AFP)
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Mis à jour le 13/04/2020 | 09:01
publié le 13/04/2020 | 08:45PartagerTwitterEnvoyerLA NEWSLETTER ACTUNous la préparons pour vous chaque matinFrance Télévisions utilise votre adresse email afin de vous adresser des newsletters. Pour exercer vos droits, contactez-nous. Pour en savoir plus, cliquez ici.il y a 26 minutesCoronavirus : nombre de morts et de cas avérés, sortie du confinement… Le point sur la situation dans les autres pays européens

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Plus de 14 000 personnes sont mortes du coronavirus en France, dont 5 000 dans nos maisons de retraite. Les résidents et le personnel des Ehpad doivent être dépistés en masse. La promesse du gouvernement doit permettre d’isoler les cas positifs au sein de secteurs dédiés. Pascal Champvert, président de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) explique comment cette mesure est mise en place dans les établissements, et évoque les mesures qu’il faudra appliquer. Invité de franceinfo lundi 13 avril, il prévient : « Il faudra envisager des rencontres entre les résidents et leurs familles, sinon il y a des gens qui vont mourir d’autres chose que du coronavirus. »

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franceinfo : Les tests ont-ils commencé ?

Pascal Champvert : Les tests commencent, mais pas assez vite. Nous sommes ravis que le ministre ait suivi notre demande. Mais pour l’instant, c’est trop lent. Le professeur Delfraissy, le président du comité scientifique, disait qu’on pourrait en France, à terme, produire entre 30 000 et 60 000 tests par jour. Mais on a 700 000 personnes âgées en Ehpad, avec les professionnels. Il faudra aussi tester les personnes âgées à domicile et les professionnels du domicile. On est à près de 2 millions de personnes, alors bien sûr, on va importer des tests, on a des tests qu’on va produire, mais tout cela risque d’être long, beaucoup trop long. Les professionnels du domicile, il y en a qui n’ont toujours pas leurs deux masques par jour, ce qui est absolument inacceptable.

Comment expliquez-vous ces lenteurs ?

Je crois qu’on manque de tests, le ministre l’a dit, et je pense que si on étale les tests dans les établissements et si malheureusement, on n’en parle que trop peu aujourd’hui à domicile c’est une fois de plus parce qu’on est en manque. On a manqué de masques au début, on est en manque de tests aujourd’hui.

Le gouvernement a demandé que les résidents des Ehpad soient systématiquement mis à l’isolement. Est-ce le cas aujourd’hui ?

Oui, mais dès le début, nous avons dit qu’il fallait être extrêmement vigilant sur ces sujets. Il faut faire un équilibre entre liberté, sécurité physique et sécurité affective. On voit bien que mettre à l’isolement total des gens, c’est strictement impossible. 

S’agissant de prisonniers, on parle d’une torture, donc s’agissant de personnes qui n’ont rien fait de mal, qu’il faut bien entendu protéger, il faut faire en sorte que des aménagements soient mis en place dans le cadre du confinement. Pascal Champvert, président de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA)à franceinfo

Le confinement, il est utile. Les Français sont confinés chez eux, il faut qu’ils continuent à l’être. Les personnes âgées aussi mais là, dans les établissements, ce sont des gens qui sont confinés pour certains dans 16 mètres carrés. Il y a déjà des conséquences sur la santé mentale. Des psychiatres disent qu’au bout de trois semaines, sans échange avec les gens qu’on aime, il peut y avoir des détériorations dans le cerveau, dont certaines sont irréversibles. Il faut trouver le bon équilibre. Dans le cadre de la stratégie du confinement, il faut trouver des aménagements. Le contact humain, même s’il ne peut pas être tactile, est fondamentale. Il faudra envisager des possibilités de rencontres entre les résidents et leurs familles. Ça peut être en bas de la résidence, avec le respect des règles de sécurité, avec des masques. Mais il faudra inévitablement venir à ça. Sinon, il y a des gens qui vont mourir d’autre chose que du coronavirus.

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