Levothyrox: les manquements du laboratoire Merck pointés par un rapport d’expertise

Un rapport d’expertise diligenté par la justice révèle de « graves manquements » de la part du laboratoire Merck lors de la fabrication de la nouvelle formule du Levothyrox. Les victimes se disent « satisfaites ». Les conclusions « valident ce qu’elles disent depuis le début ».
C’est un rapport qui fera date. Un rapport qui apporte du vent au moulin des malades du Levothyrox qui se battent depuis quatre ans pour faire reconnaître la responsabilité du laboratoire Merck.
Au printemps 2017, des dizaines de milliers de malades de la thyroïde constatent d’importants effets secondaires à la suite du changement de formule du médicament. À l’image de Sylvie Chereau qui du jour au lendemain, et pendant des mois, souffre d’un épuisement généralisé, d’importantes pertes de cheveux, d’insomnies, et d’une confusion mentale.

«En septembre 2017, en entendant Annie Duperey à la radio, j’ai compris que c’est le médicament qui m’avait empoissonnée, toute cette chape de plomb s’est envolée.» Ce rapport confirme ce que la fondatrice du Collectif victimes du nouveau Levothyrox Occitanie (VLNO) subodorait, et ce que l’Association française des malades de la thyroïde (AFMT) soutenait depuis des années. Rédigé par des experts désignés dans le cadre de l’information judiciaire ouverte en mars 2018 pour «blessures involontaires» par le tribunal de grande instance (TGI) de Marseille, il met en évidence des manquements quant à la nouvelle formule du médicament. Il met également à mal «l’effet nocebo», cette théorie défendue par de nombreux scientifiques depuis le début de cette affaire.

«Le questionnement des patients était légitime»
Contrairement à ce qu’a toujours affirmé le laboratoire Merck, l’ancienne et la nouvelle formule ne sont pas «interchangeables», indiquent en substance les experts. «La conclusion de l’expertise valide ce que nous disons depuis le début: les différences entre les deux techniques de fabrication sont telles qu’il est impossible d’avoir quelque chose d’équivalent», assure le docteur Jacques Guillet, l’un des médecins experts de l’AFMT. Les deux formules n’étant pas à 100% équivalentes, «le questionnement des patients» était donc «légitime».

Une autre critique vise les techniques d’analyse utilisées par le laboratoire Merck et validées par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. Elles ne permettraient pas de mettre en évidence des «incompatibilités entre les substances de la nouvelle formule et la lévothyroxine». À l’instar de Sylvie Chereau ou de Chantal L’Hoir, la présidente de l’AFMT, les malades espèrent que ces nouvelles analyses les aideront à être reconnues en tant que «victimes».

Sollicitée sur ce rapport, l’Agence nationale de sécurité du médicament n’a pas encore répondu. Le laboratoire Merck a indiqué ne pas pouvoir commenter les extraits du rapport «dans la mesure où, à ce stade, Merck n’a pas accès audit rapport, qui fait partie du dossier d’instruction». Il ajoute réitérer «sa confiance dans la nouvelle formule du Lévothyrox, aujourd’hui prise quotidiennement par près de deux millions et demi de patients en France », et «déplorer que l’instruction soit une fois de plus instrumentalisée par certains pour proférer, sur la base de données parcellaire, de nouvelles accusations qui sont autant d’accumulations de contre-vérités assénées au fil des années».

DDM VALENTINE CHAPUIS / INVITATION PRESSE A LA MAIRIE DE SAINT JEAN DANS LE CADRE DE LA JOURNEE MONDIALE DE LA THYROIDE ET NOTAMMENT POUR PARLER DES DEVELOPPEMENTS DES EXPERTISES JUDICIAIRES QUI VIENNENT CONFIRMER LES ACTIONS MENEES PAR L AFMT ASSOCIATION FRANCAISE DES MALADES DE LA THYROIDE VISANT A DEMONTRER LES DIFFERENCES ENTRE LE LEVOTHYROX NOUVELLE VERSION ET L ANCIENNE / EN PRESENCE DE SYLVIE CHEREAU DU COLLECTIF DES VICTIMES EN OCCITANIE DE GERARD BAPT ANCIEN DEPUTE ET FORTEMENT IMPLIQUE SUR LA QUESTION DES PERTURBATEURS ENDOCRINIENS DE CHANTAL L HOIR PRESIDENTE DE L AFMT ET DU DOCTEUR JACQUES GUILLET

L’AFMT dont Chantal L’Hoir est la porte-parole (au centre) a tenu à saluer la qualité du rapport d’expertise et à remercier les médecins qui l’accompagnent depuis 2017.
L’AFMT « continue ses investigations »

«L’affaire n’est pas terminée, nous allons continuer les investigations.» Chantal L’Hoir porte-parole de l’Association française des malades de la thyroïde (AFMT) est plus déterminée que jamais à continuer le combat. L’Association produira prochainement auprès du magistrat des analyses complémentaires pour «préciser certaines données présentées par l’expertise».

Prochaine date importante pour l’AFMT : le premier samedi de septembre. «Nous continuons les analyses de ce médicament avec l’aide de grands groupes de recherches. En septembre, nous aurons de nouvelles données sur lesquelles nous pouvons communiquer.» Objectifs de l’association: «revenir à l’ancienne formule du Levothyrox», «obtenir le remboursement de certains traitements», et «soutenir une recherche libre et indépendante».

Julie Philippe la dépêche du midi

Publié le 25/05/2021 à 18:44 , mis à jour à 19:13

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