Justice. Levothyrox : les patients se disent confortés par une expertise judiciaire

Mis en ligne le 28/05/2021 à 10:28

Des associations de patients traités au Levothyrox ont salué jeudi 27 mai les conclusions d’un rapport d’expertise judiciaire, qui confortent selon elles leurs accusations sur les effets secondaires attribués à la nouvelle formule de ce médicament.

Les patients se disent confortés par une expertise judiciaireLes patients se disent confortés par une expertise judiciaire – AFP

Ce rapport, versé au dossier d’instruction mené par une juge à Marseille, « est une étape majeure dans l’établissement de la vérité », a estimé dans un communiqué l’une des associations partie civile, l’AFMT (Association française des malades de la thyroïde), qui y a eu accès.

« Le rapport est terriblement technique et complexe, mais semble donner raison aux patients », a pour sa part jugé une autre association, Vivre sans thyroïde.

L’expertise montre que « la substitution de l’ancienne formule par la nouvelle formule n’est pas aussi simple pour beaucoup de patients », a renchéri une troisième association, Alerte thyroïde.

« Nous ne pouvons pas commenter ces informations parcellaires dans la mesure où Merck n’a pas accès à ce rapport, lequel fait partie du dossier d’instruction », a pour sa part souligné le laboratoire fabricant, Merck, dans une réaction transmise à  l’AFP.

 Un long combat

Le changement de formule en 2017 de ce médicament pour la thyroïde a donné lieu à un long bras de fer entre certains patients et Merck.

Entre mars 2017 et avril 2018, quelque 31 000 patients souffrant de maux de tête, insomnies, vertiges et autres effets secondaires ont mis en cause la nouvelle formule du médicament. Selon Merck, cette nouvelle formule était destinée à apporter davantage de stabilité en modifiant ses excipients et pas son principe actif (la lévothyroxine).

Selon l’AFMT, le rapport d’expertise conclut que « le changement d’excipients » (association mannitol et acide lactique) aurait « entraîné une variabilité des dosages en lévothyroxine » entre ancienne et nouvelle formule.

Cela « contribue à expliquer les effets indésirables présentés par de nombreux patients », assure l’association.

Selon elle, le rapport conclut également que Merck ne s’était pas suffisamment assuré que les deux formules étaient équivalentes.

« Rien ne garantit que la substitution directe de l’ancienne formule par la nouvelle formule, à dose équivalente, ne provoque aucun effet secondaire quelle que soit la situation clinique du patient », est-il écrit dans ce rapport d’une centaine de pages, selon des extraits publiés par le site d’information Les Jours.

Ce rapport « n’est qu’une étape », a indiqué l’AFMT, qui veut demander « à la juge d’instruction d’engager, rapidement, des investigations complémentaires ».

« À ce jour, l’ensemble des données disponibles et des études réalisées tant par le laboratoire lui-même que par les autorités sanitaires ont systématiquement confirmé la qualité du Levothyrox nouvelle formule », a pour sa part insisté Merck.

En juin 2019, une étude menée par l’Agence du médicament (ANSM) sur plus de deux millions de patients avait conclu que le passage à la nouvelle formule du Levothyrox n’avait pas engendré de « problèmes de santé graves ».

Au pénal, l’affaire fait l’objet d’une information judiciaire contre X pour des faits présumés de tromperie aggravée, homicide et blessures involontaires et mise en danger de la vie d’autrui. Elle est instruite par le pôle santé du TGI de Marseille.

Dans le cadre d’une autre procédure, la cour d’appel de Lyon avait estimé en juin 2020 que Merck avait commis « une faute » au moment du changement de formule, et l’avait condamné à verser 1 000 euros à chacun des 3 000 plaignants.

La distribution de l’ancienne formule devait s’arrêter fin septembre, mais a finalement été prolongée jusqu’à fin 2021.

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