Les études qui poussent l’Europe à autoriser le glyphosate contestées par des chercheurs autrichiens

par France Inter publié le 4 juillet 2021 à 8h23

Et si le glyphosate était autorisé en Europe pour de mauvaises raisons ? Sur la base de mauvaises études ? Pour la première fois, deux chercheurs autrichiens remettent en cause les études réglementaires qui servent de support à l’autorisation du glyphosate dans l’Union européenne.

Épandage de glyphosate à Piace, dans le nord-ouest de la France
Épandage de glyphosate à Piace, dans le nord-ouest de la France © AFP / JEAN-FRANCOIS MONIER

Le glyphosate, l’herbicide le plus utilisé dans le monde, est actuellement autorisé dans l’UE jusqu’en décembre 2022. En effet, la Commission européenne avait accordé une autorisation de cinq ans pour le glyphosate, en 2017.

Mi-juin 2021, les agences de quatre États membres ont remis les premiers résultats de leur évaluation du dossier de demande d’approbation du glyphosate, soumis par des entreprises. Ce rapport allait dans le sens d’un possible renouvellement de l’autorisation par l’Union européenne.

Mais les études qui éclairent les décideurs européens sont-elles fiables et indépendantes ? D’après les informations du journal Le Monde, ces chercheurs autrichiens ont pu les consulter alors que jusqu’à présent, ces études étaient totalement secrètes. Et leur verdict est sans appel. 

Les deux chercheurs autrichiens, toxicologues et spécialistes du cancer, estiment que la majorité des 53 études fournies à l’Union européenne ne remplissent pas les critères de qualité attendus. « Quelques-unes sont acceptables, mais la majorité sont un désastre » précisent-ils.

Or ces études sont en partie réalisées par les entreprises fabricantes de pesticides, elles ne sont pas indépendantes.  « Ce verdict est effrayant « pour François Veillerette de Générations futures, une ONG qui milite contre cet herbicide. 

Il faut donc reconsidérer le système d’autorisation des pesticides en Europe estiment les ONG.

Cette semaine, des chercheurs de l’INSERM en France mettaient en évidence des dommages génotoxiques liés au glyphosate. Il existe une « présomption forte » de lien entre l’exposition professionnelle à ces produits et six maladies graves, dont certains cancers et des troubles du cerveau, selon une vaste expertise française publiée mercredi.  

Les six pathologies sont trois types de cancer (prostate, lymphomes non hodgkiniens, myélomes multiples), la maladie de Parkinson, les troubles cognitifs et une maladie respiratoire évolutive, la BPCO, selon l’expertise réalisée par l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale).

L’étude des chercheurs autrichiens tombe donc à pic. L’Europe a jusqu’à la fin de l’année 2022 pour étudier la question et décider si cet herbicide sera autorisé ou non les cinq années suivantes.

Un rapport rédigé par quatre agences sanitaires va dans le sens d'un renouvellement de l'autorisation du glyphosate dans l'Union européenne.

À lire  –  ENVIRONNEMENTUn rapport incite l’Europe à renouveler son autorisation du glyphosate

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