Les « papillons » demandent le carnet rouge

​Les "papillons" demandent le carnet rouge

Tahiti, le 14 juillet 2021 – Un peu plus d’une quinzaine de personnes ayant subi une ablation de la thyroïde ou atteintes de problèmes de thyroïde se sont réunies mercredi après-midi au parc Paofai pour échanger et sensibiliser autour de leurs difficultés. Dans l’obligation de suivre un traitement à vie, elles demandent l’accès au carnet rouge de la CPS.

« J’ai fait cette démarche pour qu’on puisse se connaître, se rassurer et puis dans un troisième temps pour qu’on alerte les responsables de la santé. » Sous le fare potee du parc Paofai mercredi après-midi, à quelques centaines de mètres des festivités liées aux courses de porteurs de fruits, Prune Payet a rassemblé les membres du groupe Facebook qu’elle a créé il y a quelques jours à peine : Les papillons du fenua. Elle-même concernée par une thyroïdectomie, une ablation de la thyroïde, Prune a lancé récemment un appel aux personnes atteintes de dérèglement de cette glande hormonale -en forme de papillon- située sur la face antérieure du cou.

Selon les spécialistes endocrinologues, environ 7,5% des femmes adultes sont touchées par un dérèglement de la thyroïde et 3% des hommes. Une différence qui peut expliquer la grande majorité de participantes féminines au rassemblement de mercredi à Paofai. « Avec ce groupe, on est arrivés à en parler. Moi, c’était le silence pendant 20 ans. Le groupe a permis qu’on puisse échanger. Je suis contente pour ces personnes. Il y en a qui se sont faites opérer. D’autres qui vont se faire opérer. D’autres qui l’ont déjà été depuis des années », explique Prune Payet. 

« Le truc, c’est que c’est à vie »

Mais en plus d’avoir ouvert un espace d’échange autour de cette maladie, l’objectif de Prune est d’attirer l’attention des autorités sanitaires polynésiennes sur la reconnaissance des difficultés rencontrées par les personnes en hyper-thyroïdie ou en hypo-thyroïdie. En effet, ce type de dérèglement hormonal est irréversible et ne peut être soigné durablement sans un traitement à vie. « Ceux qui ont un cancer de la thyroïde ont le carnet rouge et moi j’ai un traitement à vie et je ne l’ai pas », constate Prune. Outre le coût des médicaments, elle liste les dépenses liées aux prises de sang régulières ou encore aux scanners nécessaires pour détecter et suivre l’évolution de la maladie.

Au-delà, Prune explique les conséquences des dérèglements hormonaux sur le quotidien. « C’est un changement d’humeur total. On peut partir sans raison dans les tours. On peut tomber en dépression. On est fatigué. On a des insomnies. De la tachycardie en pleine nuit… Et le truc, c’est que c’est à vie. » Autant de raisons justifiant, selon elle, une meilleure reconnaissance des dérèglements thyroïdiens par la CPS. « Ma position, ma demande, c’est que le Pays puisse nous aider. Le carnet rouge, on en a besoin ».

Et les essais…?

Autre sujet évoqué mercredi après-midi, Prune Payet dit regretter le manque d’informations et d’études sur les conséquences des essais nucléaires sur le dérèglement de la thyroïde. « Dans la liste des maladies radio-induites, il y a 23 maladies dont le cancer de la thyroïde », rappelle Prune qui s’interroge sur le fait que les dérèglements thyroïdiens ne puissent pas eux-mêmes être liés aux retombées radioactives. Egalement présentes pour ce rassemblement, des membres de l’association 193 de défense des victimes des essais nucléaires ont tenu à rappeler qu’au-delà des 1 159 cas de cancers de la thyroïdes recensés par la CPS entre 1992 et 2017, il pourrait effectivement être intéressant de faire un état des lieux des cas de dérèglements de la thyroïde en Polynésie française, notamment dans les atolls proches des sites des essais, pour les comparer à la moyenne.

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Rédigé par Vaite Urarii-Pambrun et Antoine Samoyeau le Mercredi 14 Juillet 2021 à 18:15 | Lu 2545 fois

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